Hospitalisation des femmes enceintes : un risque thrombotique majeur !

Le risque thromboembolique veineux représente une des causes majeures de mortalité et morbidité chez les femmes enceintes dans les pays industrialisés. Près de 50% des évènements thromboemboliques chez les femmes surviennent durant la grossesse ou le post-partum. Des études antérieures ont permis de retrouver situations à risque. Ainsi, l’obésité, le tabagisme, les grossesses multiples et la parité représentent autant de facteurs de risque veineux. Une hospitalisation pourrait également constituer une circonstance dangereuse ; en effet, dans la population générale le risque veineux thromboembolique est 100 fois plus élevé en cas d’hospitalisation à l’origine d’environ 25 000 décès par an au Royaume-Uni.

Connaître ce risque chez une femme hospitalisée lors d’une grossesse ou après l’accouchement permettrait peut-être d’envisager un traitement prophylactique.

Une équipe britannique s’est appuyée sur les données de registres nationaux pour déterminer le risque, pour une femme enceinte, de faire un premier évènement thromboembolique en cas d’hospitalisation.

Ainsi, 245 661 grossesses ont été analysées. 18% des femmes avaient été hospitalisées au moins une fois durant leur grossesse et 4,7% plus d’une fois, pour une raison autre que l’accouchement,. Le troisième trimestre représentait la période la plus à risque, puisque le taux d’hospitalisation y était 6 fois plus élevé qu’aux premier et deuxième trimestres. Près de 30% des femmes hospitalisées présentaient un facteur de risque veineux : maladie cardiaque ou rénale, varices, diabète, hypertension artérielle, maladie inflammatoire ou obésité.

Après ajustement sur ces divers facteurs, le risque d’évènements thromboemboliques en cas d’hospitalisation apparaissait 17,5 fois plus élevé en cours de grossesse et 6 fois plus après l’accouchement.

Certains facteurs augmentaient ce risque :

  • durée d’hospitalisation de plus de 3 jours
  • hospitalisation au troisième trimestre de la grossesse
  • âge supérieur à 35 ans
  • BMI élevé
  • période des 4 premières semaines du post-partum

Cette étude pourrait avoir des conséquences en termes de prophylaxie : jusqu’à présent, de nombreuses recommandations internationales ne proposaient une prévention que si les femmes enceintes présentaient déjà 2 facteurs de risque veineux ou une comorbidité. L’augmentation du risque veineux retrouvé ici en dehors de tout facteur de risque inciterait à une prévention plus large notamment chez les patientes les plus âgées, les plus rondes et celles dont la durée d’hospitalisation est prolongée. De même, les 4 premières semaines du post-partum réclament une attention particulière.

L’évaluation de la balance bénéfice/risque d’une prophylaxie par héparinothérapie de bas poids moléculaire s’impose, bien sûr, cependant avant d’envisager de modifier les recommandations actuelles.

A A Sultan, J West, L J Tata and al. Risk of first venous thromboembolism in pregnant women in hospital: population based cohort study from England. BMJ 2013;347:f6099 doi10.1136.

 
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