Grossesses après chirurgie bariatrique : quels risques pour l’enfant ?

En 2008, on estimait la population d’obèses à 0,5 billion de personnes dans le monde. L’obésité, définie par un indice de masse corporelle >30, réduit l’espérance de vie de 2 à 4 ans et de 8 à 10 ans s’il s’agit d’obésité morbide (IMC> 40). A coté de ces effets néfastes sur la santé, les répercussions en cas de grossesse sont multiples : troubles hypertensifs, diabète gestationnel, accouchement prématuré, macrosomie fœtale et augmentation de la mortalité périnatale. Le recours à la chirurgie bariatrique a été multiplié par 10 cette dernière décennie concernant principalement la population féminine; elle permet d’obtenir des réductions pondérales souvent spectaculaires avec amélioration de la santé des femmes.

Une grande étude suédoise s’est attachée, à l’aide des registres nationaux, à analyser l’issue de 2562 grossesses obtenues après chirurgie bariatrique. Chaque femme opérée a été appariées à 5 femmes contrôles saines ayant fait l’objet d’un ajustement sur l’âge maternel, la parité, l’IMC du début de grossesse, le tabagisme en début de grossesse, le niveau d’éducation, et l’année de l’accouchement. Une comparaison était également effectuée avec des contrôles obèses éligibles pour la chirurgie mais non opérées.

Les conclusions suivantes concernant les grossesses après chirurgie bariatrique comparativement aux femmes non obèses :

  • le risque de prématurité est estimé à 9,7%, augmenté significativement avec un odds ratio à 1.7 (IC à 95% 1.4-2.0) et cela particulièrement chez les femmes dont l’IMC en début de grossesse était <35
     
  • le risque de prématurité apparait aussi bien pour des accouchements spontanés (odds ratio 1.5 (1.2-1.9)) que pour des indications médicales (odds ratio : 1.8 (1.4-2.3))
     
  • le risque de retard de croissance est estimé à 5,2% significativement supérieur (odds ratio : 2.0 IC à 95% 2.0-2.5) alors que celui de « gros poids » est retrouvé inférieur aux femmes contrôles (odds ratio 0.6 IC à 95% 0.4-0.7)
     
  • il ne semble pas exister de différence significative pour ce qui est des morts fœtales in utéro et de la mortalité néonatale
     
  • le type de chirurgie et le délai depuis celle-ci ne semble pas interférer pas sur ces résultats
     
  • les risques de prématurité et de petits poids semblent survenir préférentiellement chez les multipares comparativement aux nullipares

Tous ces risques persistent lors que la comparaison est faite par rapport aux grossesses de femmes obèses éligibles pour la chirurgie (IMC>35)

Des inquiétudes existent concernant d’éventuels déficits en micronutriments et leurs conséquences sur la croissance fœtale mais aussi placentaire. La littérature est ambigüe en ce qui concerne le risque de défaut de développement in-utéro. A l’inverse, la réduction pondérale secondaire à la chirurgie minimise le risque de macrosomie fœtale, couramment rencontrée chez les femmes obèses, expliqué par la fréquence de l’insulino-résistance associée et corrigée après la chirurgie.

Un antécédent de chirurgie bariatrique doit donc être considéré comme un facteur de risque en cas de grossesse ultérieure notamment en ce qui concerne les risques de prématurité et de retard de croissance in-utero en particulier chez les femmes dont l’IMC en début de grossesse est <35.

Roos N, Neovius M, Cnattingius S et al. Perinatal outcomes after bariatic surgery: nationwide population based matched cohort study. BMJ 2013;347:f6460 doi: 10.1136.

 
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