Non, la contraception par dispositif intra-utérin n’altère pas la fertilité !

L’idée que l’utilisation des dispositifs intra-utérins puisse être associée à une infertilité est à l’origine de bien des craintes. Une belle étude avait pourtant été publiée en 2001 dans le New England Journal of Medicine battant en brèche cette hypoyhèse. Cependant, des inquiétudes persistent chez bon nombre de patientes mais aussi chez certains praticiens limitant de fait l’emploi de cette très bonne méthode contraceptive.

Une étude multicentrique prospective (The Fertility After Contraceptive Termination Study) a été menée entre 2011 et 2017 à fin d’observer la fertilité, après au moins 6 mois d’arrêt d’une contraception, de femmes âgées de 18 à 35 ans sans notion d’infertilité. Toutes les patientes étaient suivies durant 24 mois.
Des tests bactériologiques évaluant les infections sexuellement transmissibles (IST) ainsi que des sérologies de chlamydia, trichomonas, et mycoplasma genitalium ont été réalisés à l’entrée dans l‘étude.

Sur les 461 participantes (de moyenne d’âge 28,2 ans), 38,3 % était nullipares, 34,1% étaient considérées comme ayant un bas niveau socio-économique et 59,7 % avait utilisé un DIU.
Lors de l’entrée dans l’étude 0,2 % des femmes étaient testées positives pour le gonocoque, 4,3 % pour chlamydia trachomatis, 7,6 % pour trichomonas vaginalis, 9,1 % pour mycoplasma genitalium. Les tests sérologiques révélaient une infection 
passée chez 42,8 % des femmes avec une positivité des sérologies chlamydia ou trichomonas ou plus fréquemment encore mycoplasmes (33 %).
59,7 % avait déjà utilisé un dispositif Intra-utérin. Les femmes ayant bénéficié de cette méthode contraceptive étaient souvent plus âgées (28.6 versus 27.5 ans) et moins souvent nullipare.
Le temps moyen pour concevoir après arrêt d’une contraception, quelle qu’elle soit, était de 6,1 mois (IC à 95 %, 4.9–7.3). 76,5 % des femmes étaient enceintes à 12 mois. Le temps moyen pour concevoir semblait être plus court chez les patients ayant utilisé un DIU comparativement à celle n’en ayant jamais utilisé (5,1 mois/7,5 mois). Mais après ajustement sur des facteurs confondants, l’utilisation antérieure d’un DIU ne modifiait pas statistiquement le temps pour obtenir une grossesse (HR 1.25 ; IC À 95 % 0.99–1.58).

Certains facteurs apparaissaient comme associés à un plus long délai pour concevoir: l’âge, un bas niveau  socio-économique, un antécédent d’infection par mycoplasme genitalium. En effet, en cas d’antécédent d’infection par mycoplasmes genitalium, le taux de conception sur 12 mois était de façon étonnante plus bas (68 % versus 80 % en l’absence d’infection p=. 019).

L’utilisation d’un DIU ne semble pas donc altérer la fertilité. D’autres études devraient évaluer le rôle spécifique des IST, comme celle due au mycoplasme genitalium dont le rôle sur la fertilité semble apparaître ici. La question d’un dépistage spécifique des IST pourrait dès lors se poser chez toutes les femmes avant la pose d’un DIU. Jusqu’à présent ce dépistage est réservé à certaines femmes, celles âgées de moins de 25 ans ou ayant des conduites sexuelles « à risque ».

Cette étude vient donc rassurer sur l’innocuité du DIU en termes de fertilité, confortant sa possible utilisation chez les jeunes femmes nullipares, dans le respect des règles de bonne pratique bien sûr !

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Peipert JF, Zhao Q, Schreiber CA, Teal S, Turok DK, Natavio M, Cordon S, Daggy. Intrauterine device use, sexually transmitted infections, and fertility : a prospective cohort study. Am J Obstet Gynecol. 2021 Aug ;225(2) :157.e1-157.e9.

 

 
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