Décalage du retour à la fertilité après utilisation d’une contraception : une nouvelle donnée à prendre en compte ?

Un des critères importants dans le choix d’une contraception est sa réversibilité. Quelques anciennes études montraient un retour de la fertilité décalé de 2 à 3 mois après utilisation d’une contraception orale. Mais il existe peu de données dans la littérature analysant la fertilité après d’autres types de contraceptions, notamment pour les contraceptions de longue durée d’action que sont les dispositifs intra-utérins et les implants.

Une étude basée sur 3 cohortes de femmes, suivies entre 2007 et 2019, ayant un projet de grossesse (une en Amérique du nord et deux au Danemark) vient d’être publiée dans le British Medical Journal. Les femmes avaient interrompu leur contraception, souhaitaient une grossesse depuis moins de 6 mois et ne recevaient aucun traitement pour améliorer leur fertilité.

Ainsi, 17 954 femmes ont participé à l’étude en remplissant des questionnaires détaillés à l’entrée dans l’étude avec leurs antécédents, mode de vie, et la dernière contraception utilisée avant le projet de grossesse, avec sa date d’arrêt. Un nouveau questionnaire permettait le suivi tous les 2 mois durant un an ou jusqu’à ce que une grossesse débute. Un recueil des informations concernant les cycles menstruels et les règles permettaient un calcul du temps de latence pour la survenue d’une grossesse.

Les méthodes de contraception utilisées juste avant de concevoir étaient principalement :

  • une contraception orale pour 37,5% des femmes,
  • une méthode barrière pour 30,6%
  • une méthode dite « naturelle » pour 15,4%
  • une contraception de longue durée d’action pour 13,3% d’entre elles ; principalement un dispositif intra-utérin (hormonal 7,8% ou au cuivre 4%)

10 729 grossesses ont débuté au cours des 66 759 cycles d’observation. 56% des femmes concevaient dans les 6 mois et 77% dans les 12 mois.

Comparativement aux femmes utilisant une méthode barrière, l’utilisation d’une contraception orale, par voie vaginale ou de longue durée d’action concevaient après un court délai supplémentaire. Le délai le plus long était observé avec la contraception injectable : ratio de fécondabilité 0.65 (IC à 95% 0.47 à 0.89). A l’inverse, les femmes ayant utilisé un DIU contenant du levonorgestrel retrouvait une fertilité plus rapidement que celles ayant recours à une méthode barrière ou un DIU au cuivre : ratio de fertilité à 1.14 (IC à 95% 1.07 à 1.22) et 1.18 (IC à 95% 1.05 à 1.33) respectivement. Aucune hypothèse physiopathologique évidente n’était émise par les auteurs de l’étude pour expliquer ce résultat.

Il fallait en moyenne 5 à 8 cycles pour retrouver une fertilité « normale »  lors de l’utilisation d’une contraception injectable, 4 cycles pour les patchs contraceptifs, 3 cycles pour les contraceptions orales ou vaginales et 2 cycles pour les DIU au cuivre ou les implants.

La durée d’utilisation ne semblait pas augmenter de façon majeure le délai du retour à une fertilité «normale ». Cependant, dans une des cohortes, les auteurs signalaient une différence significative après contraception orale : son utilisation sur 4 ou 5 ans était associée à un ratio de fécondabilité de 1.20 (IC à 95% 1.05-1.36) comparativement à une durée inférieure à 2 ans.

 Globalement, les longues durées d’utilisation de contraception ne semblait pas affecter la fertilité des couples.

L’association entre fécondabilité et dernière méthode contraceptive utilisée était similaire dans les cohortes danoises et américaines et aucune différence selon l’indice de masse corporelle (<30 ou >30) ou l’âge (<30 ou >30) n’était retrouvée.

Il semble donc pouvoir exister un petit délai du retour à la fertilité en cas d’utilisation d’une contraception. Cet effet reste cependant peu important et est rapidement réversible, ne justifiant pas de précipiter l’interruption d’une contraception bien tolérée.

 

Yland J J, Bresnick K A, Hatch E E et al. Pregravid contraceptive use and fecundability : prospective cohort study. BMJ 2020 ;371 :m3966

 
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