Le risque d’expulsion d’un DIU inséré en post-partum dépend du délai de l’insertion, du type d’accouchement et de DIU !

Les contraceptions de longue durée d’action (DIU ou implant) sont à privilégier en post-partum chez les femmes qui ne souhaitent pas de grossesse rapprochée. Ces méthodes sont en effet les plus efficaces en termes de contraception et libèrent les femmes des contraintes d’utilisation des autres types de contraceptions, en particulier par voie orale. Les DIU sont habituellement insérés lors de la consultation post-natale autour de 6-8 semaines après l’accouchement. Une ovulation peut cependant se produire dès J25 en l’absence d’allaitement, et au moins 30% des femmes auront déjà ovulé avant la  8ème semaine après leur accouchement. La reprise de la sexualité est très variable selon les couples, mais presque la moitié aura déjà eu des rapports sexuels avant la consultation post-natale. L’insertion immédiatement après l’accouchement d’un DIU pourrait donc être une alternative à la pose différée. De même, plusieurs équipes s’interrogent sur les bienfaits d’une consultation plus précoce, avant la 4ème semaine post-partum, afin d’évaluer globalement la santé du nouveau-né mais aussi celle de la mère, en dépistant ainsi notamment les dépressions du post-partum. Cette visite intermédiaire pourrait également constituer une occasion d’insertion dite « précoce » du DIU.

Une revue systématique avec méta-analyse a tenté de préciser le risque d’expulsion d’un DIU selon :  

  •  sa date d’insertion : immédiate (dans les 10 minutes suivant l’accouchement), précoce à la maternité (entre 10 minutes et 72 heures), avancée après la sortie de la maternité (entre la 72ème heure et jusqu’à 4ème semaine) ou différée lors de la consultation post-natale
  • le type d’accouchement : voie basse ou césarienne
  •  et le type de DIU : au cuivre ou contenant du levonorgestrel

Ainsi, à partir de 7661 insertions de DIU en post-partum, les auteurs ont pu déterminer des risques d’expulsions variables en utilisant les données de 48 études publiées entre 1999 et 2019:

  • 10,2% pour une insertion immédiate (n= 4460), 13,2% pour une insertion avant la sortie de maternité (n=409), 0% pour une insertion anticipée après la sortie de maternité (n=136) et 1,8% pour une insertion différée (n=502)
  • 14,8% en cas d’accouchement par voie basse et 3,8% en cas de césarienne
  • en cas d’insertion immédiate, le taux d’expulsion du DIU contenant du lévonorgestrel était de 27,4% (n=299) alors qu’il n’était que de 12,4% pour les DIU au cuivre (n=1586)
  • comparativement à une insertion différée, l’insertion immédiate, précoce ou anticipée était associée à un plus grand risque d’expulsion (RR=8.33 IC à 95% 4.32-16.08)
  • en cas d’insertion immédiate, le risque d’expulsion était plus élevé en cas d’accouchement par voie basse comparativement à un accouchement par césarienne (RR=4.57 IC à 95% 3.49-5.99)
  • en cas d’insertion immédiate, le risque d’expulsion était plus élevé avec le DIU contenant du levonorgestrel comparativement au DIU au cuivre (RR= 1.90 IC à 95% 1.36-2.65)

L’insertion d’un DIU immédiatement après l’accouchement, ou anticipé pourrait être une bonne solution chez les femmes qui ne souhaitent pas de grossesse rapprochée surtout si elles risquent d’être perdues de vue. Il faut cependant bien connaitre le risque supérieur d’expulsion et en avertir les femmes. Le choix pourrait plutôt se porter alors vers un DIU au cuivre qui semble, dans cette méta-analyse, à moindre risque d’expulsion. L’accouchement par césarienne pourrait également en représenter une meilleure indication…

À l’heure actuelle, en France, cette pratique n’est pas d’usage et l’insertion d’un DIU se programme habituellement lors de la visite post-natale. Attention cependant au risque de grossesse, non nul, avant cette consultation…Il est, de ce fait, courant de proposer une contraception progestative à débuter au plus tard à J21 dans l’attente du DIU.

Expulsion on intrauterine devices after postpartum placement by timing of placement, delivery type, and intrauterine device type : a systematic review and meta-analysis. S H Averbach, Y Ermias, G Jeng et al. Am J Obstet Gynecol 2020:177-188.

 

 
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