L’histoire de la contraception s’écrit encore !

De tout temps, les femmes ont tenté de maitriser leur fertilité et le nombre d’enfants correspondant à leur projet parental. Ainsi, les manuscrits romains ou encore égyptiens (papyri médicaux) rapportent déjà des méthodes abortives mais aussi contraceptives.  Des mélanges d’épines d’acacia, de dattes et de miel utilisés sur des « tampons de fibre» placés dans le vagin sont une des méthodes classiques bien décrites chez les égyptiens.

Si les femmes dans les années 60 ont milité et se sont battues pour le développement et l’accès à la contraception, il n’en est pas de même des jeunes femmes aujourd’hui.

Rappelons tout d’abord le combat de Lucien Neuwirth qui réussit, après plusieurs propositions de loi repoussées (onze propositions en 10 ans) à faire adopter le 28 décembre 1967 un texte de loi autorisant la contraception et abrogeant la loi de 1920 qui interdisait son utilisation ainsi que sa publicité et  qui réprimait sévèrement l’avortement, non sans des débats parlementaires extrêmement violents. Et ce n’est que cinq ans plus tard, en 1972, qu’un décret réglemente la fabrication et la prescription des contraceptifs.  Ainsi, la législation concernant la contraception fut un des grands moments de la vie parlementaire de la V° République, sans oublier bien sûr la Loi Veil de Janvier 1975 autorisant l’interruption volontaire de grossesse.

Par la suite, la recherche dans le domaine de la contraception hormonale, ayant pour but une meilleure tolérance clinique et métabolique, a fait nettement évoluer les compositions des pilules.

Effectivement, c’est toujours la contraception hormonale, principalement estroprogestative qui a fait l’objet de plus de recherche, même si la mise sur le marché du dispositif intra-utérin délivrant de petites doses de lévonorgestrel (développé initialement par le Population Council) a eu un impact important dans l’offre contraceptive. Ainsi, les doses d’estrogènes contenues dans les pilules actuellement commercialisées ont drastiquement diminué et les molécules progestatives associées  dans ces combinaisons sont beaucoup plus nombreuses. De même, de nouvelles voies d’administration supposées moins contraignantes (patchs et anneaux vaginaux) se sont développées.  Cependant, aucune de ces innovations n’a permis d’aboutir à une absence de risque, notamment sur le plan vasculaire.

Plusieurs crises médiatiques ont émaillé la poursuite de la recherche, mais ces celles-ci ont eu des retentissements très différents.

La crise du milieu des années 90 concernant l’impact plus délétères des contraceptions dites de 3ème génération (associations d’ethinyl-estradiol et de désogestrel ou de gestodène) n’a eu qu’une portée limitée. En effet, l’augmentation de l’utilisation de ces contraceptions n’a cessé d’augmenter jusqu’en 2013 au détriment des contraceptions dites de 2ème génération (association d’ethinyl-estradiol et de lévonorgestrel) alors même que des études épidémiologiques  montraient déjà des différences de risque sur le plan vasculaire. En 2013, la plainte d’une jeune femme ayant eu un accident vasculaire alors qu’elle utilisait une contraception de 3ème génération a eu, par contre, des répercussions importantes entrainant un véritable tsunami dans les changements de comportements des femmes.

Plusieurs explications permettent d’éclairer l’évolution de l’utilisation des différentes méthodes contraceptives. Ainsi, le développement des réseaux sociaux où les informations (qu’elles soient justes mais aussi fausses hélas) se répandent à très grandes vitesses, le recours plus fréquent à des procédures juridiques, les mesures des autorités de santé prises et diffusées plus rapidement dans ce contexte de recours juridique (l’affaire du Médiator y a largement concouru) et l’intérêt plus profond de la population à l’écologie sont autant d’arguments qui contribueraient à expliquer cette évolution. Dans ce contexte, les femmes s’interrogent de plus en plus sur l’impact écologique des hormones pour notre environnement planétaire, préférant pour certaines l’utilisation, même à un âge très jeune, d’un dispositif intra-utérin au cuivre ou pour d’autres, aucune contraception hormonale.

Faut-il pour autant délaisser les contraceptions à l’efficacité reconnue (pilule, dispositif intra utérin, implant…) et se tourner vers des méthodes contraceptives « naturelles » dont on sait qu’elles sont bien moins performantes ? La réponse est bien sûr non !

Si la connaissance des effets secondaires des contraceptions fait toujours beaucoup couler d’encre (tout comme malheureusement des informations erronées, songeons à cette folle idée que la pilule réduirait le cerveau des femmes !), les effets bénéfiques devraient probablement être plus médiatisés. Que dire de la protection prolongée, même après l’arrêt de la contraception, du cancer ovarien, tant redouté car dépisté le plus souvent à un stade bien tardif, et de la même façon du cancer de l’endomètre et du colon, impact bénéfique méconnu des femmes. Il en est de même de la diminution de fréquence des ménorragies ou des dysménorrhées invalidantes participant à l'amélioration de la qualité de vie des femmes.

Enfin, fort heureusement, la recherche pour le développement de méthodes contraceptives innovantes se poursuit. Ainsi,  des contraceptions « à la carte » pré ou post rapport, de nouvelles voies d’administration, les combinaisons associant molécules contraceptives et traitements antiviraux ou encore les molécules ciblant des voies spécifiques de la folliculogénèse, sont autant de pistes à l’étude et pour certaines déjà bien avancées.  Les voies de recherche actuelles ciblent les  inhibiteurs de la cyclo-oxygénase-2, de la phosphodiestérase ainsi que   l’inhibition de protéines impliqués dans la méiose ovocytaire ou les inhibiteurs de métalloprotéases matricielle. Enfin, le développement de puce contraceptive (puce carrée de 4 cm² implantée en sous-cutané) et délivrant des petites doses de progestatifs  via une télécommande on/off permettant de l’activer ou de la désactiver quand on le souhaite représenterait une nouvelle stratégie contraceptive « à la carte ».

Regrettons que la recherche dans le domaine de la contraception masculine n’ait pas encore abouti à une contraception disponible.

Espérons que la recherche innovante et performante associée à de bonne pratiques vaincra les « fake-news » et redonneront confiance aux femmes dans l’adoption de contraceptions efficaces qu’elles soient hormonales ou non hormonales.

 
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