Prise de poids gestationnelle optimale selon l’IMC pré-conceptionnel en termes de conséquences pour la mère et l’enfant ?

La prise de poids durant la grossesse  est nécessaire à la bonne santé du fœtus mais, lorsqu’elle devient excessive, des complications de la grossesse, des difficultés à reperdre le poids et un risque d’obésité chez l’enfant y sont associés. De même, un indice de masse corporelle (IMC) élevé avant la grossesse augmente le risque de complications chez la mère et son enfant. Il semble intéressant, dès lors, de savoir s’il pourrait exister des recommandations en termes de prise de poids durant une grossesse en fonction de l’IMC de la femme avant son début de grossesse.

Un groupe international, LifeCycle Project-Maternal Obesity and Childhood Outcomes Study Group, a utilisé les données individuelles poolées de 25 études de cohorte européennes et américaines pour tenter de déterminer à l’aide d’une méta-analyse, la prise de poids idéale en fonction  de l’IMC avant grossesse (1). Les auteurs ont ainsi pu recueillir les données de 196 670 femmes, âgées en moyenne de 30 ans, suivies pendant leur grossesse entre 1989 et 2015. Les principales complications de la grossesse analysées étaient : la pré-éclampsie, l’hypertension gravidique, le diabète gestationnel, les petits ou gros poids pour l’âge gestationnel.

Avant la grossesse, les femmes étaient en sous-poids pour 4% (IMC<18,5), de poids normal pour 68% (IMC de 18,5 à 24,9), en surpoids pour 19,7% (IMC 25 à 29,9), en obésité de grade 1 pour 6,1% (IMC 30 à 34,9), en obésité de grade 2 pour 1,7% (IMC 35 à 39,5) et en obésité de grade 3 (IMC>40) pour 0,5% d’entre elles.

Durant la période d’observation, 37,2% d’anomalies de la grossesse sont survenues allant de 34,7% chez les femmes initialement en sous-poids à 61,1% en cas d’obésité de grade 3 avant le début de grossesse.

La prise de poids optimale, avec le moindre taux de complications, a été déterminée selon l’IMC initial des femmes : de 14 à 16 kg en cas de sous-poids, de 10 à 18 kg chez les femmes de poids normal, de 2 à 16 kg en cas de surpoids, de 2 à 6 kg en cas d’obésité de grade 1, de 0 à 4 kg (en plus ou en moins) en cas d’obésité de grade 2 et de 0 à 6 kg en cas d’obésité de grade 3.

Les auteurs admettent cependant que la performance discriminante de la prise de poids durant la grossesse sur les complications maternelles et fœtales est faible à modérée. L’IMC préconceptionnel apparait, en revanche, associé de façon plus importante à ces complications.

D’autres études, en particulier la méta-analyse de Goldstein publiée en 2017, avaient cependant calculé les risques associés significativement à une prise de poids excessive avec un risque de césarienne (OR=1.30), de gros enfant pour l’âge gestationnel (OR=1.85), de macrosomie (OR=1.95) (2).

Les recommandations concernant l’association poids et grossesse visent, bien sûr, à éviter les prises de poids excessives mais aussi, et surtout, à inciter les femmes à réduire, dans la mesure du possible, leur excès pondéral avant le projet de grossesse.  Cette attitude participe aux initiatives permettant d’intervenir sur les complications, en partie évitables, de la grossesse sont à mettre en œuvre idéalement bien en amont du projet de grossesse.

Références

  1. LifeCycle Project-Maternal Obesity and Childhood Outcomes Study Group. Association of gestational weight gain with adverse maternal and infant outcomes. JAMA 2019 ; 321 :1702-1715.
  2. Goldstein RF, Abell SK, Ranasinha S et al. Association of gestational weight gain with maternal and infant outcomes : a systematic review and meta-analysis. JAMA 2017 ; 317 : 2207-2225.

 
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