Activité physique : une vraie aide pour la prise en charge des dysménorrhées primaires ?

La dysménorrhée primaire, sans pathologie organique sous jacente,  affecte 60 à 70% des femmes représentant un véritable problème en particulier à l’adolescence. Les symptômes sont qualifiés de sévères pour 13 à 33% d’entre elles occasionnant un absentéisme chez 24 à 43% des patientes. L’impact de facteurs psycho-sociaux et culturels, probablement important, est à prendre en compte dans leur prise en charge. Les seules thérapeutiques ayant fait la preuve de leur efficacité sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens et la contraception orale. Cependant, leur utilisation est parfois limitée du fait de contre-indications médicales, de l’absence de besoin contraceptif ou des souhaits des patientes qui préfèrent souvent avoir recours à des solutions plus « naturelles ».

Il existe une plausibilité biologique pour expliquer le rôle positif de l’activité physique sur la dysménorrhée. Les douleurs lors des règles sont médiées par les prostaglandines utérines qui favorisent les contractions myométriales. L’activité physique diminue le stress, abaisse la perception de la douleur, réduit les taux de prostaglandines F2alpha.

Le sport intensif modifie énormément le cycle menstruel avec, chez les athlètes, des cycles moins souvent ovulatoires,  des aménorrhées fréquentes et des taux plasmatiques d’estradiol et de progestérone abaissés. L’effet d’un exercice physique modéré est moins étudié bien qu’il soit recommandé depuis les années 30 sans réel support scientifique.

Des auteurs anglais ont voulu apprécier le rôle d’une activité physique modérée en réalisant une étude systématique avec méta-analyse des essais randomisés publiés. Ils ont sélectionné toutes les études comparant l’impact d’une activité physique régulière modérée à tout autre type d’intervention, au moins sur 2 cycles, chez des patientes présentant une dysménorrhée primaire. Ils ont ainsi identifié 15 essais éligibles regroupant 1681 participantes. 11 essais ont été inclus dans la méta-analyse.

La pratique d’un exercice physique modéré diminue significativement l’intensité des douleurs sur une échelle analogique (-1.89 cm ; IC à 95%, -2.96 à -1.09) ainsi que la durée des douleurs (-3.92 heures ; IC à 95%, -4.86 à -2.97). Ces bénéfices étaient retrouvés quel que soit le type d’exercice physique étudié : aérobic, stretching, yoga ou exercices de Kegel destiné à renforcer les muscles du plancher pelvien. Les auteurs précisaient cependant qu’il existait une grande hétérogénéité dans les essais et que la qualité des études était souvent médiocre.

Cette revue systématique avec méta-analyse suggère que l’activité physique modérée régulière pourrait être efficace dans la gestion de la dysménorrhée primaire. Bien que la majorité des essais publiés soient de qualité  insuffisante, ils vont tous dans le même sens.

Ainsi, même si l’evidence based medicine n’est pas encore au rendez-vous …conseillons à nos patientes de mettre en place un programme d’activité physique régulière pour mieux gérer leur dysménorrhée entre autres !

 

Matthewman G, Lee A, Kaur JG, Daley AJ. Physical activity for primary dysmenorrhea: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Am J Obstet Gynecol.2018 Sept; 219(3):255.e1-255.e20.

 

 
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