Hystérectomies : quantité et qualité !

Voici un article, qui bien que rétrospectif, risque de nous faire (encore) un peu de tort. Il démontre que : plus on fait un geste (en l’occurrence, ici une hystérectomie) mieux on le fait !

Cet adage n’est plus à démontrer, mais par nos temps (médico-légaux), il risque d’apporter de l’eau au moulin de « l’accréditation » ou à la notion de perte de chance.

Qu’en est –il ici : les auteurs ont étudié la pratique de 146.494 hystérectomies aux USA, dans l’état de New York entre 2001 & 2006. Au cours de cette période les hystérectomies pratiquées l’ont été par voie abdominale dans 70% des cas, par voie basse 18% (seulement !) et par voie laparoscopique dans 12% des cas. En séparant les chirurgiens faisant plus de 10 hystérectomies par an et les autres, les résultats sont éloquents : les « petits » chirurgiens font significativement moins de voie basse (19% versus 33%), plus de complications (16,5% versus 11,7%) et ont une mortalité supérieure (0,21% vs 0,06% ce qui fait tout de même 2 morts pour mille patientes opérées ! malgré le retrait dans cette étude des hystérectomies faites dans un contexte obstétrical ou néoplasique).

Rappelons toutefois que la médiane d’hystérectomies réalisées par les chirurgiens dans cette étude était de 3,1 (ce qui n’est pas beaucoup) avec 26% de chirurgiens faisant moins de 10 gestes par an.

Le taux de transfusions sanguines était de 8.49% versus 5.6% ce qui reste même pour les chirurgiens entrainés assez élevé.

Il est également très intéressant de noter que sur les 6 années qu’a duré cette étude, la proportion des voies basses n’a guère progressé (voire même légèrement chuté de 19,1% en 2001 à 17,1% en 2006), au profit de la voie laparoscopique qui à légèrement progressé de 9,3% à 14.8%.

Le cut-off ici placé à 10 interventions a lui-même été étudié par les auteurs et semble plus sensible ou plus pertinent qu’un nombre de 15 ou 20 procédures.

Comme pour toute activité médicale (ou humaine) cette étude vient confirmer que l’on fait mieux ce que l’on fait souvent !

Effect of surgical volume on route of hysterectomy and short-term morbidity.

Boyd LR, Novetsky AP, Curtin JP.

Obstet Gynecol. 2010 Oct;116(4):909-15.

Pour en savoir plus :

Les résultats mis à jour de la Cochrane data base en 2009

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19588344

 
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