HPV : Faut-il vacciner les garçons aussi ?

Dans notre pays où la vaccination contre les HPV reste très (très) insuffisante (autour de 15% de couverture vaccinale complète) chez les petites filles qui sont pourtant le cœur de cible des vaccins afin d'éviter plus tard un cancer du col qu'il soit In situ ou invasif, il parait incroyable de se poser cette question et pourtant à chaque colloque ou conférence où le sujet est abordé, celle-ci revient sans cesse : pourquoi ne pas vacciner aussi les garçons ?

En effet l'intérêt de cette vaccination masculine parait de prime abord évidente: protection directe contre les lésions génitales externes (condylomes exophytiques), protection plus tard contre les Cancers ORL HPV dépendants, Cancers de l'anus... et peut être également moins de transmission sexuelle et donc amélioration de l'incidence globale des infections à HPV, d'ailleurs déjà quelques pays développés ont commencé à mettre en œuvre cette approche.

Cependant ces considérations à priori "logiques" demandent à être vérifiées sur des cohortes ainsi dans cette étude finlandaise où les auteurs ont comparé 3 modes de vaccination dans des communautés séparées : vaccination globale des filles et garçons par le vaccin HPV (groupe A), vaccination des filles seules et garçons par le vaccin de l'hépatite B (groupe B), vaccination des filles et garçons par le vaccin de l'hépatite B (groupe C).

Les résultats montrent que l'efficacité vaccinale n'était pas significativement différente entre le groupe  A  (vaccin des filles et garçons) & groupe B (vaccin des filles seules);  l'effet de troupeau c'est à dire la protection même des sujets non vaccinés n'était pas différente entre les groupes A & B pour l'HPV 16 et enfin l'effet de protection (PE=protective effect)  qui cumule l'effet vaccinal et l'effet de troupeau montrait que le PE du groupe A = 58.1% (45.1-69.4) et le PE du groupe B = 55.7% (42.9-66.6) soit un gain non significatif de moins de 3%, mais cet effet pourrait être amélioré par un taux de couverture importante de la population masculine, en évitant la transmission potentielle aux filles non vaccinées.

Certes il existe une recommandation pour la vaccination en France des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes allant jusqu'à l'âge de 26 ans.

Mais le cout d'une vaccination globale de la tranche d'âge 11-14 ans avec rattrapage jusqu'a 19 ans sans tenir compte du sexe doit être mis en balance avec les bénéfices attendus en matière de protection, d'autant que les premières études publiées dans les pays avec un fort taux de couverture vaccinale (supérieurs ou égaux à 70%) de la population féminine montre une très importante diminution de l'incidence des infections à HPV dans la tranche d'âge de la population ciblée même non vaccinée (effet dit de troupeau).

Il convient donc dans notre pays où la vaccination anti HPV est si déficiente d'insister sur l'importance de la vaccination des petites filles ou jeunes filles pour lesquelles le vaccin est: efficace, sans conséquence néfaste majeure et surtout utile afin de leur éviter dans l'avenir colposcopies, biopsies parfois itératives, lasers et particulièrement conisations dont les conséquences obstétricales sont -elles- maintenant bien connues et reconnues.

 

Références
Int J Cancer. 2017 Oct 21. doi: 10.1002/ijc.31119. [Epub ahead of print]
Impact of gender-neutral or girls-only vaccination against human papillomavirus - Results of a community-randomized clinical trial (I).
Lehtinen M1, Söderlund-Strand A2, Vänskä S3, Luostarinen T1, Eriksson T4, Natunen K4, Apter D5, Baussano I6, Harjula K4, Hokkanen M4, Kuortti M4, Palmroth J4, Petäjä T4, Pukkala E4, Rekonen S4, Siitari-Mattila M4, Surcel HM3, Tuomivaara L4, Paavonen J7, Dillner J1, Dubin G8, Garnett G9.

 

 
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