Endométriose : traitement médical, alternative à la chirurgie dans la prise en charge des douleurs

La douleur représente la symptomatologie la plus marquée et la plus invalidante chez les femmes présentant une endométriose sévère, souvent associée à une localisation digestive et/ou recto-sigmoïdienne.

En dehors des problèmes de fertilité, la prise en charge de la douleur dans l’endométriose reste un problème majeur : deux articles récents comparent les résultats du traitement médical en alternative à une chirurgie, dont l’efficacité est certes prouvée, mais qui reste lourde et parfois invalidante.

S. FERRERO et coll. (Université de GENES, Italie) ont inclus dans leur étude 40 patientes présentant une endométriose colo-rectale diagnostiquée par IRM et écho-endoscopie rectale : un traitement par acétate de noréthistérone (Primolut-Nor) est administré à raison de 2,5 mg/jour pendant un an.

Deux critères ont été évalués : la tolérance au traitement et la modification des symptômes, tels que dysménorrhée (85 % des cas), dyspareunie profonde (67 % des cas), douleurs pelviennes chroniques (73 % des cas) et troubles digestifs (38 % des cas).

En terme de résultats, les auteurs notent un degré de satisfaction de l’ordre de 60 %, tandis que 20 % n’ont pas ressenti d’amélioration notable et ont noté, chez 20 % des patientes, une aggravation de la symptomatologie.

L’effet le plus remarquable du traitement par acétate de noréthistérone porte sur la nette diminution des troubles per-menstruels : dysménorhhée, constipation, diarrhée, rectorragies ; les effets sur les symptômes de constipation, ballonnement abdominal, étaient moins marqués ; dans 13 cas, une chirurgie a dû être effectuée, soit après 6 mois de traitement, soit à la fin du protocole.

Discussion : il est admis que l’acétate de noréthistérone ne représente pas le traitement princeps ou définitif des localisations profondes de l’endométriose, mais peut être une alternative à la chirurgie.

En effet, la nette diminution de la symptomatologie algique pelvienne et/ou digestive est obtenue chez près des deux-tiers des patients présentant une localisation digestive de l'endométriose.

Les auteurs recommandent donc l’indication du traitement médical, soit chez des patientes jeunes n’ayant pas encore de projet de grossesse, soit chez des femmes plus âgées souhaitant éviter un acte chirurgical souvent majeur, voire invalidant.

Bibliographie :
S. FERRERO et coll. Human Reproduction, Vol.25, n°1 pp. 94-100, 2010

T. STROWITZKI et Coll. (Université de Heidelberg et Bayer Schering Pharma AG, BERLIN), ont comparé l’effet du DIENOSGEST (DIN) à l’ACETATE DE LEUPROLIDE (ACL), agoniste de la Lh-Rh, dans la prise en charge de la douleur liée à des formes d’endométriose de type I à IV dans une étude randomisée portant sur 252 patientes.

Le diénogest est une progestine qui combine les propriétés pharmacologiques des 19-Norprogestins et des dérivés de la progestérone avec une absence d’androgénicité et une suppression modérée de l’activité ovarienne.

Méthode : cette étude randomisée multicentrique incluait des patientes âgées de 18 à 45 ans, présentant une endométriose de type I à IV, selon la classification de l’AFS, confirmée par cœlioscopie dans les 3 mois précédant l’étude.

Sur une durée de 6 mois, le groupe I, traité par diénogest, à raison de 2 mg/jour, incluait 124 patientes ; le groupe II, traité par acétate de leuprolide, à raison d’une injection de 3 mg/mois, incluait 128 patientes.

Le score VAS (Visual Analogue Scale) et les effets secondaires indésirables ont permis d’évaluer les effets des deux thérapeutiques.

Résultats : les auteurs retrouvent une équivalence d’efficacité dans les deux groupes, sur la diminution des phénomènes douloureux. Cette réduction était notable chez les patientes présentant une symptomatologie algique sévère, soit 12,2 % du groupe I traité par diénogest et 6,3 % du groupe II traité par acétate de leuprolide.

La qualité de vie était également améliorée, mais de façon plus notable dans le groupe I que dans le groupe II.

En terme d'effets secondaires indésirables, on notait principalement les conséquences de l’hypo-œstrogénie (bouffées de chaleur, céphalées, sécheresse vaginale…) de façon plus marquée dans le groupe traité par acétate de leuprolide, que dans le groupe traité par diénogest.

L’étude a dû être interrompue chez 5 % des patientes du groupe I et 3,9 % des patientes du groupe II pour des motifs variés (kystes ovariens, syndrome dépressif, réaction allergique…).

En conclusion, cette étude randomisée multicentrique portant sur la prise en charge du syndrome douloureux lié à l’endométriose montre l’efficacité identique sur les phénomènes algiques des traitements par diénogest par rapport à l’utilisation d’acétate de leuprolide.

Les auteurs notent également une tolérance meilleure et une incidence moindre des effets indésirables liés à l’usage des agonistes de la Lh-Rh.

Selon les auteurs, l’utilisation du diénogest est une alternative efficace à l’utilisation des agonistes de la Lh-Rh dans la prise en charge des phénomènes douloureux liés à l’endométriose pelvienne.

Bibliographie :
T. STROWITZKI et coll. Human Reproduction, Vol.25, n°3 pp. 663-641, 2010

 
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