Vulvodynies : de l’intérêt d’une approche multidisciplinaire

La fréquence des vulvodynies ne cesse d’augmenter. Elles posent souvent un problème diagnostique et thérapeutique au praticien consulté, car, d’une part ces brûlures ou douleurs vulvaires s’accompagnent d’un examen vulvaire normal et d’autre part elles ne se limitent pas au champ de la gynécologie ou de la dermatologie. Il est pourtant essentiel de les diagnostiquer précocement pour ne pas voir les douleurs passer à la chronicité et pour faciliter le traitement.

Bien entendu, le rôle du médecin est d’éliminer une infection, une dermatose, une anomalie anatomique…mais pas seulement. Cette douleur si particulière provoquée ou spontanée le plus souvent au niveau du vestibule peut être reproduite en consultation par simple effleurement du doigt ou d’un coton-tige. Face à l’hypothèse de vulvodynie, il faut alors ouvrir le champ des possibles. En effet, bien que la physiopathologie exacte soit encore débattue, tout le monde s’accorde pour la considérer comme une douleur neurogène, c’est-à-dire un cercle vicieux de la douleur qui peut avoir une origine centrale ou périphérique, en termes plus pratiques un composante psychologique ou physique.

Ce sont en fait bien souvent ces deux : la vulvodynie est une douleur, provoquée par de multiples facteurs (candidoses à répétition, IVG, accouchement, rupture sentimentale, deuil…) qui survient chez une personne sensibilisée à la douleur et à une période précise de sa vie.

Ainsi, les 3 clés du diagnostic sont la recherche très précise des circonstances déclenchantes dans tous les domaines de la vie; la recherche d’autres syndromes douloureux (lombalgie, colopathie, migraine, fibromyalgie, cystite interstitielle, bruxisme ….) et l’écoute sur le retentissement sur la vie actuelle.

En pratique, il existe schématiquement deux formes cliniques différentes qui correspondent à deux pics d’âges différents. Chez les jeunes la vulvodynie est limitée au vestibule et est provoquée par les rapports sexuels : elle provoque une dyspareunie superficielle. La vulvodynie en représente aujourd’hui la première cause. Chez les femmes plus âgées, la vulvodynie est souvent spontanée et les brûlures s’étendent à toute la vulve.

La prise en charge est d’abord purement médicale à l’aide de soins hydratants, crème anesthésiante, traitements des facteurs aggravants, médicaments antidouleurs si besoin (Amitryptiline en gouttes le plus souvent). Mais cela n’est pas suffisant car cette douleur locale s’accompagne invariablement d’une hypertonie douloureuse des muscles pelviens contre laquelle des séances de kinésithérapie locale spécialisée sont efficaces voire indispensables. Cette équipe avec des kinésithérapeutes s’intéressant aux douleurs pelviennes est la première étape de l’approche multidisciplinaire. Enfin, cette douleur qui existe souvent depuis plusieurs mois ou années et altère la vie sexuelle, peut prendre une place totalement envahissante dans la vie des patientes et c’est notre rôle de l’écouter et de lui expliquer que des collègues psychologues et sexologues pourront compléter la prise en charge thérapeutique. Certaines patientes n’adhèrent pas à cette approche et nous n’insistons pas. D’autres au contraire nous sont reconnaissantes de cette approche et de cette ouverture qui leur permettront d’apaiser la douleur à long terme. D’autres prises en charge existent : médecins des centres antidouleur, hypnothérapeute, ostéopathes, sophrologues …

Une fois cette prise en charge multidisciplinaire instaurée, il est important que nous, les praticiens gynécologues ou dermatologues, mettions en place un suivi régulier, avec des examens cliniques répétés, qui centralise les informations et rassure les patientes.

Les vulvodynies n’ont pas encore livré tous leurs mystères, de nombreuses recherches sont en cours, et, pour l’instant, cette approche multidisciplinaire est celle qui apporte les meilleurs résultats contre la douleur et pour la qualité de vie des patientes, parfois dans des délais étonnamment courts.

 
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