Sarcomes et myomectomie: quel impact ?

Les myomes (ou fibromes) utérins sont une des pathologies gynécologiques les plus fréquentes et également une des indications chirurgicales les plus répandues. Avec chez la femme jeune désireuse de préserver sa fertilité, mais également chez la femme moins jeune (en raison du désir fréquent de préserver l'image corporelle), la possibilité de conserver l'utérus en réalisant une myomectomie. Par ailleurs plus récemment le développement des techniques coelioscopiques peut amener lors d'une hystérectomie subtotale ou lors de myomectomies de pratiquer une morcellation de l'uterus ou du (ou des) myomes retirés. Il est donc parfois possible de se retrouver - rétrospectivement - dans une situation ou le myome (ou l'uterus partiellement) retiré présente un aspect histologique néoplasique sous la forme d'un sarcome. La FDA (Food and drug association) américaine à attiré l'attention en 2014 sur les risques de dissémination néoplasique lors des morcellations utilisées dans cette situation. Dans une étude récente le risque de découverte inopinée d'un sarcome était de 0,19% (soit une patiente sur 528) chez les patientes ayant bénéficié d'une myomectomie chirurgicale sans morcellation et de 0,09% (soit une patiente sur 1073) chez celles ayant bénéficié d'une morcellation cette différence venant peut être du fait d'un meilleur bilan diagnostique en cas de morcellation ou de l'âge plus jeune des patientes?

Dans cette courte mais intéressante étude les auteurs sud coréens ont analysé (rétrospectivement) 45 patientes ayant présenté un sarcome utérin de découverte rétrospective. 30 avaient bénéficié d'une hystérectomie initiale et 15 d'une hystérectomie subtotale ou d'une myomectomie. Toutes les patientes ayant bénéficié d'une chirurgie conservatrice ou partielle ont été réopérées en moyenne dans les 2 semaines post chirurgie initiale et 35.8% d'entre elles présentaient des lésions résiduelles.

En terme de survie sans récidive, il n'y avait aucune différence entre les 2 groupes chirurgie initiale totale ou partielle avec 18,2% de récidives sur 41 mois de surveillance. En revanche l'utilisation d'une morcellation mécanique fait passer le taux de récidive de 13.4 % en l'absence de morcellation à 33.3% !

Il est donc indispensable de rappeler que le bilan initial avant chirurgie des myomes doit être le plus complet possible avec notamment une imagerie de qualité et que l'utilisation des morcellateurs doit être le plus adapté à la situation lésionnelle notamment en fonction de l'âge et de l'aspect des lésions.

Outcomes of uterine sarcoma found incidentally after uterus-preserving surgery for presumed benign disease.
Lee JY, Kim HS, Nam EJ, Kim SW, Kim S, Kim YT.
BMC Cancer. 2016 Aug 23;16(1):675. doi: 10.1186/s12885-016-2727-x.

 

Pour en savoir plus :

Wright JD, Tergas AI, Cui R, Burke WM, Hou JY, Ananth CV, et al. Use of electric power morcellation and prevalence of underlying cancer in women who undergo myomectomy. JAMA Oncol. 2015;1:69–77. doi: 10.1001/jamaoncol.2014.206

J Minim Invasive Gynecol. 2015 May-Jun;22(4):601-6. doi: 10.1016/j.jmig.2015.01.007. Epub 2015 Jan 14. Effects of morcellation of uterine smooth muscle tumor of uncertain malignant potential and endometrial stromal sarcoma: case series and recommendations for clinical practice.

Mowers EL1Skinner B2McLean K2Reynolds RK2

 

 
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