Recommandations pour le dépistage du cancer du col au canada

Une mise à jour récente publiée en janvier 2013, nous présente les propositions de nos collègues canadiens en matière de dépistage du cancer du col

Ils nous rappellent à juste titre que le dépistage cytologique a permis au cours des dernières décennies de réduire considérablement l’incidence et la mortalité du cancer du col, notamment chez les femmes de 30 à 69 ans par un dépistage triennal.

En dehors de ces tranches d’âge, ils rappellent que les résultats sont moins convaincants ou moins univoques, ainsi :

Chez les jeunes femmes âgées de moins de 20ans, ils recommandent de ne pratiquer aucun dépistage(bien que 42% des jeunes femmes de 18-19 ans au canada en aient, en réalité, bénéficié au cours des trois dernières années), l’incidence du cancer invasive dans cette tranche d’âge est extrêmement faible ( 2/1.000.000 entre 2002 et 2006) et sa mise en route n’a jamais démontré d’amélioration de l’incidence du cancer dans les groupe d’âge plus élevé et les résultats souvent positifs des tests cytologiques (10%) risquent d’entrainer des explorations complémentaires non dénués d’effets délétères chez de toutes jeunes femmes. (niveau d’évidence fort)

Chez les jeunes femmes âgées de 21 à 24ans, ils recommandent également de ne pratiquer aucun dépistage car les études publiées ne semblent montrer (en cas de dépistage commencé à 21 ans) aucune réduction d’incidence ou de mortalité des formes invasives dans les groupes d’âge plus élevé, de plus, là encore, les risques des explorations et traitements à ces âges précoces ne sont pas négligeables (mais cette recommandation est associée à un niveau d’évidence faible)

Chez les femmes âgées de 25-29 ans ils recommandent de pratiquer un dépistage cytologique triennal (recommandation forte avec niveau d’évidence fort)

- Pour les femmes âgées de 70 ans et plus ils recommandent d’interrompre le dépistage si les trois derniers tests étaient négatifs ou en l’absence après 3 tests négatifs (recommandation faible, niveau d’évidence faible)
 

Quand à l’utilisation du test HPV en dépistage primaire: bien qu’ils reconnaissent que le test HPV présente une bien meilleure sensibilité que la cytologie et pourrait permettre un allongement de l’intervalle entre 2 tests, ils insistent sur les risques des explorations entrainées par un test positif et sur l’absence ou le faible nombre d’études suffisantes permettant de démontrer une baisse de l’incidence ou de la mortalité par cancer du col chez les patientes dépistées par un test HPV. Néanmoins les résultats publiés laissent à penser que dans un futur proche, il soit possible de modifier cette recommandation, pour le moment il semble d’après le groupe de recommandation que l’utilisation d’un test HPV seul ou combiné avec la cytologie soit prématuré.
 

Points particuliers :

Ils rappellent que dans les pays où le dépistage est organisé les résultats semblent meilleurs que lorsqu’il reste opportuniste (ou individuel)

Les résultats de la cytologie conventionnelle semblent similaires à ceux de la cytologique en phase liquide (même si celle-ci permet des tests dits «  reflex » évitant une nouvelle consultation de « triage »)

Les résultats des études ne permettent pas de favoriser les méthodes de lecture informatisées (ou d’aide informatique à la lecture) par rapport aux méthodes conventionnelles.

Les femmes hysterectomisées pour lésions bénignes non cervicales peuvent ne plus bénéficier d’un dépistage.

Ils ne recommandent pas de modifier l’âge ou le rythme des frottis en fonction de l’âge au premier rapport ou du nombre de partenaire sexuels, dans la mesure où trop peu d’études permettent de mesurer l’efficacité d’une adaptation du dépistage à ces critères.

Quand aux jeunes femmes déjà vaccinées contre certains HPV, ils considèrent que l’introduction trop récente du vaccin, ne permet pas pour l’instant de modifier les recommandations de dépistage pour ces femmes.


Recommendations on screening for cervical cancer.

Canadian Task Force on Preventive Health Care.

CMAJ. 2013 Jan 8;185(1):35-45. doi: 10.1503/cmaj.121505. Epub 2013 Jan 7. 

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.