Le Smartphone peut-il remplacer la colposcopie ?

La colposcopie est la technique de référence pour l'évaluation des patientes présentant un test de dépistage positif, mais toutes les régions du monde n'ont pas les ressources économiques, médicales ou les infrastructures permettant aux femmes de bénéficier d'un examen colposcopique de qualité. Ainsi des techniques alternatives de sélection des patientes possiblement à risque de développer une lésion précurseur se sont mises en place, dont la technique de VIA (visual inspection after acetic acid) qui consiste a visualiser le col après application d'acide acétique voire après application de lugol. Mais ces techniques nécessitent un minimum de formation à l'identification des cas suspects, ce qui n'est pas toujours possible dans certaines régions du monde particulièrement défavorisées où le nombre de gynécologues voire de médecins fait défaut et où les femmes ne sont pas facilement mobilisables.

Cette courte étude, dirigée par nos collègues suisses, particulièrement astucieuse, vient étudier les possibilités de la technologie de nos Smartphones qui sont devenus des appareils photographiques de qualité pouvant adresser instantanément les images à l'autre bout du monde où des colposcopistes entrainés peuvent les interpréter.

Ainsi sur 337 femmes testées à Madagascar, 137 ont présenté un auto test HPV positif (41.2% ce qui est un taux très important! et seules 69.3% ont répondu à leur convocation pour la VIA), une VIA avec acide acétique et lugol a été pratiquée avec prise d'une image photo par un Smartphone. Cette photo a été réalisée par un étudiant en médecine ne connaissant pas la pathologie cervicale (à 15 cm du col), les images de la VIA ont été interprétées sur place et à distance (en suisse). Une CIN a été détectée sur 17.7% and 21.7% des images digitales par les praticiens respectivement sur site et hors site. Les praticiens sur site avaient une sensibilité de 66.7% (95%CI: 30.0-90.3) et une spécificité de 85.7% (95%CI: 76.7-91.6), les praticiens hors site (présents à Genève) avaient une sensibilité identique de 66.7% (95%CI: 30.0-90.3) et une spécificité de 82.3% (95%CI: 72.4-89.1) et bien que la reproductibilité de l'interprétation des images ne soit pas excellente (kappa=0.28), le taux d'images non interprétable était très faible (de l'ordre de 3%).

Ainsi les possibilités ouvertes par la télémédecine, avec des ressources technologiques aujourd'hui largement répandues comme les Smartphones et peu couteuses, pourront dans un avenir déjà immédiat, permettre d'obtenir l'assistance  de professionnels plus qualifiés dans l'interprétation d'images cervicales. On imagine de voir se réaliser un jour, qui sait, un dépistage avec des auto test HPV et des selfies du col.!!!???

 

PLoS One. 2015 Jul 29;10(7):e0134309. doi: 10.1371/journal.pone.0134309. eCollection 2015.

Smartphone Use for Cervical Cancer Screening in Low-Resource Countries: A Pilot Study Conducted in Madagascar.

Catarino R1Vassilakos P2Scaringella S3Undurraga-Malinverno M1Meyer-Hamme U1Ricard-Gauthier D1Matute JC1Petignat P1.

 
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