Faux positifs de la mammo: des conséquences à long terme !

La mise en place du dépistage du cancer du sein par la réalisation de mammographie permet de réduire semble t-il la mortalité par cancer du sein dans la population dépistée, mais cet effet si bénéfique soit-il, doit être mis en balance avec les effets secondaires inévitables d’une politique de dépistage : la découverte de cancers dont l’évolution est peut-être incertaine, la mise en évidence d’images suspectes sans rapport avec une éventuelle lésion évolutive : les faux positifs avec comme corollaire la réalisation de prélèvements voire d’interventions chirurgicales (non pas inutiles, car elles permettent de confirmer l’absence de lésion néoplasique) mais potentiellement traumatiques ou tout du moins pouvant être vécues comme traumatisantes.

Cette situation dans les pays développés comme l’Europe ou les Etats-Unis peut représenter (au cours des 10 cycles de mammographies dont une femme peut bénéficier au cours de sa vie) entre 20 & 60 % des examens anormaux.

Les auteurs ont ici étudié les conséquences psychologiques à 1 ; 6 ; 18 & 36 mois de la mammographie de dépistage sur 3 catégories de femmes au Danemark : celles qui avaient un résultat normal, celles qui avaient un résultat anomal aboutissant au diagnostique de cancer et celles dont les explorations complémentaires ont permis d’éliminer un cancer (les faux positifs soit ici prés de 60% des 2% de mammographies anormales).

6 Mois après les résultats histologiques finaux les patientes ayant présenté un faux positif ont les mêmes conséquences psychologiques que celles ayant présenté un cancer ! Ces résultats s’estompent avec le temps, avec une amélioration progressive des index psychologiques mais, même à long terme soit 3 ans après le premier test positif les patientes issues de faux positifs restent significativement altérées par rapport à celles indemnes de toute anomalie.

D’où l’intérêt d’améliorer certes la sensibilité des méthodes de dépistage mais egalement et peut-être surtout leur spécificité afin d’éviter de reconvoquer à tort des patientes non porteuses de lésions.

Peut-être faut-il egalement rappeler l’importance des termes utilisés pour expliquer les situations aux patientes : le choix des mots est parfois plus lourd que le poids des maux
 

Long-term psychosocial consequences of false-positive screening mammography.

Brodersen J, Siersma VD.

Ann Fam Med. 2013 Mar-Apr;11(2):106-15. doi: 10.1370/afm.1466.

Pour en savoir plus:

J Clin Oncol.2007 Sep 1;25(25):3823-30.

What is the psychological impact of mammographic screening on younger women with a family history of breast cancer? Findings from a prospective cohort study by the PIMMS Management Group.

Tyndel S, Austoker J, Henderson BJ, Brain K, Bankhead C, Clements A, Watson EK.

Psychooncology.2005 Nov;14(11):917-38.

The psychological impact of mammographic screening. A systematic review.

Brett J, Bankhead C, Henderson B, Watson E, Austoker J.

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.