Dépistage du Cancer du col par des autotests HPV dans les urines

L’utilisation des tests HPV en dépistage primaire en lieu et place du frottis conventionnel est en cours d’évaluation dans de nombreux pays, en raison de la forte sensibilité de ces tests par rapport à la cytologie.
En effet de récentes études semblent montrer une meilleure détection des CIN3+ grâce à la virologie, avec un dépistage plus précoce des cancers invasifs, des adénocarcinomes in situ et une réduction de leur survenue lors des rounds successifs de dépistage, ces tests semblant parvenir à une réduction de l’incidence des cancers invasifs par le dépistage plus précoce et plus complet de ces précurseurs.

Ces test HPV permettent par ailleurs, la pratique d’auto prélèvements que n’admettent pas les techniques cytologiques, celles-ci doivent en effet nécessiter le prélèvement plus précis des cellules provenant de la zone de jonction afin de détecter des anomalies morphologiques des cellules modifiées ou transformées par les HPV dit potentiellement oncogènes. Ce prélèvement cytologique nécessite donc de visualiser le col utérin au cours d’un examen gynécologique, examen qui peut être parfois un frein à l’acceptabilité du dépistage et réduire ainsi le taux de couverture de la population et donc l’efficacité du dépistage (et donc de la prévention) parfois dans les populations les plus à risque de voir survenir une lésion précurseur.
Plusieurs méta-analyses récentes ont évalué ces auto-prélèvements avec des résultats spectaculaires en termes de sensibilité et spécificité, pratiquement équivalents à ceux pratiqués par un acteur de santé.
L’étude présentée ici, compile les publications des études faites à partir d’auto-prélèvements pratiqués par des femmes sur les urines recueillies, (comme pour une recherche de chlamydiae ou gonocoque).
L’avantage de ce type de prélèvement est leur simplicité de réalisation et leur forte acceptabilité.
Les résultats bien qu’assez hétérogènes sur les études « méta-analysées » ici,  montrent tout de même une sensibilité au dépistage de tout type d’HPV de 87 % (95 % confidence interval 78 % à 92 %) avec une spécificité de 94 % (95 % confidence interval 82 % à 98 %), pour les HPV dits à haut risque (ou potentiellement oncogènes) la sensibilité était de 77 % (68 % à 84 %) avec une spécificité de 88 % (58 % à 97 %), enfin pour les HPV 16 and 18 une sensibilité de 73 % (56 % à 86 %) et une spécificité de 98 % (91 % à 100 %), ces résultats s’entendent en comparant ces auto-tests HPV urinaires avec ceux pratiqués par un médecin lors d’un examen gynécologique. Les meilleurs résultats semblent être retrouvés sur les premiers jets urinaires.
L’avenir nous dira si le dépistage du cancer du col passera désormais par le dépistage de son agent causal : l’HPV, plutôt que par la détection parfois subjective de ces effets cyto-pathogènes sur les cellules de la filière génitale : la cytologie. La réalisation d’auto-prélèvements sur des échantillons urinaires pourrait contribuer à améliorer la couverture du dépistage qui reste encore insuffisant en France où l’on attend toujours fin 2014, l’organisation de celui-ci ….
Mais ce changement de méthode, s’il a lieu, passera aussi par une nécessaire « éducation », « formation » du corps médical qui ne doit pas confondre infection à HPV et lésion cervicale, en sachant qu’un Test HPV positif signale simplement une population à plus haut risque et un test HPV négatif une population à bas risque qui peut donc espacer ses contrôles.

Accuracy of urinary human papillomavirus testing for presence of cervical HPV: systematic review and meta-analysis.
Pathak N, Dodds J, Zamora J, Khan K.
BMJ. 2014 Sep 16;349:g5264. doi: 10.1136/bmj.g5264.

Pour en savoir plus:
Efficacy of HPV-based screening for prevention of invasive cervical cancer: follow-up of four European randomised controlled trials.
Ronco G, Dillner J, Elfström KM, Tunesi S, Snijders PJ, Arbyn M, Kitchener H, Segnan N, Gilham C, Giorgi-Rossi P, Berkhof J, Peto J, Meijer CJ; International HPV screening working group.
Lancet. 2014 Feb 8;383(9916):524-32. doi: 10.1016/S0140-6736(13)62218-7. Epub 2013 Nov 3

Accuracy of human papillomavirus testing on self-collected versus clinician-collected samples: a meta-analysis.
Arbyn M, Verdoodt F, Snijders PJ, Verhoef VM, Suonio E, Dillner L, Minozzi S, Bellisario C, Banzi R, Zhao FH, Hillemanns P, Anttila A.
Lancet Oncol. 2014 Feb;15(2):172-83. doi: 10.1016/S1470-2045(13)70570-9. Epub 2014 Jan 14. Review.

 
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