Valeur prédictive des concentrations plasmatiques de l'hormone anti-müllérienne (AMH) pour la qualité ovocytaire, la fertilisation et l'implantation embryonnaire

Qu’est que l’AMH ?

Il s’agit d’un facteur de croissance peptidique :
- Chez le fœtus mâle, le développement du tractus génital interne requiert la présence d’AMH pour l’involution des canaux mülleriens ;
- Chez le fœtus féminin, l’AMH est sécrétée à 36 semaines d’aménorrhées par les cellules de la granulosa des follicules primordiaux et pré-antraux, jusqu’à leur phase antrale lorsqu’ils atteignent un diamètre de 2 mm.

L’AMH joue un rôle de recrutement de la cohorte de follicules antraux.

Les valeurs plasmatiques d’AMH sont les marqueurs les plus sensibles et spécifiques de la réserve ovarienne, à savoir :

  • le nombre de follicules pré-antraux présents à chaque début de cycle,
  • la capacité d’ovulation,
  • la prédictibilité de la réponse ovarienne lors d’une stimulation d’ovulation,
  • c’est un marqueur diagnostique du syndrome des ovaires polykystiques (OPK).

Les valeurs de l’AMH diminuent avec l’âge et deviennent indétectables à la ménopause.

Selon les études de LIE FONG et all (2006), RIGGS et all (2011), LOH et MAHESHAWARI (2011), l’AMH n’est pas un facteur prédictif de la qualité ovocytaire et des résultats de grossesses évolutives en assistance médicale à procréation (AMP).

Le but de l’étude menée par Edson BORGES et coll. (Université de SAO PAULO, Brésil) est de rechercher une corrélation entre les taux d’AMH et la qualité ovocytaire, le développement embryonnaire, les taux d’implantation embryonnaire et les taux de grossesses évolutives après fécondation in vitro (FIV).

Méthode de l’étude

L’évaluation a porté sur l’analyse de 4488 ovocytes obtenus à partir de 408 cycles de FIV avec ICSI entre janvier 2001 et janvier 2013.

Les critères d’inclusion étaient :

  • moyenne d’âge féminin : 37,7 ans (20 à 43 ans),
  • moyenne d’âge masculin : 39 ans (24 à 65 ans),
  • BMI < 30 kg/m2 de surface corporelle,
  • patientes traitées pour un premier ou un deuxième cycle d’ICSI,
  • absence d’anomalie sévère du spermogramme,
  • absence de lésion anatomique utérine ovarienne ou de lésion d’endométriose,
  • tous les dosages d’AMH ont été réalisés avant traitement à partir d’un ELISA KIT avec des limites de détection de 1 ng à 75 ng/ml,
  • les causes d’infertilité retrouvées étaient un facteur masculin (35,8 %), un facteur féminin tubaire (6,4 %), une infertilité idiopathique (7,1 %), un syndrome OPK (6,1 %), des facteurs féminins ovulatoires (31 %) et des causes diverses,

- Évaluation ovocytaire : seuls les ovocytes ayant « relargué » le premier globule polaire (GP) ont été considérés comme matures.

N’étaient pas inclus dans l’étude les ovocytes présentant des dysmorphies : fragmentation du GP, vacuole intra-ovocytaire, espace péri-vitellin élargi, anomalie de la zone pellucid.

- Évaluation embryonnaire : elle est réalisée 16 à 18 heures après le traitement de micro-injections de spermatozoïdes intra-ovocytaires aux jours J2 et J3 pour l’étude embryonnaire, et au jour J5 pour le stade blastocyste.

Les auteurs évaluent la morphologie et la cinétique embryonnaire : nombre de blastomères, pourcentage de fragmentation, asymétrie des blastomères, multi-nucléation.

Les auteurs définissent les caractéristiques d’un « top embryon » lorsque les embryons présentent 4 cellules à J2, 8 à 10 cellules à J3 du développement embryonnaire, un pourcentage de fragmentation inférieur à 15 %, une absence de granulation dans l’espace péri-vitellin, une absence d’anomalie de la zone pellucide.

Les blastocystes sont évalués sur une échelle de 1 à 6 en fonction du degré d’expansion, de l’aspect de la blastocèle et du hatching du blastocyste.

- Les taux d’implantation sont définis comme le nombre de sacs gestationnels divisé par le nombre total d’embryons transférés.

- Les grossesses cliniques sont définies comme par la présence d’un sac gestationnel 4 à 6 semaines après le transfert d’embryons frais.

Les résultats

Selon l’analyse statistique, un résultat est significatif lorsque la p-value est inférieure à 0,05.

1/ Les résultats (attendus) montrent une corrélation entre les taux d’AMH et l’âge maternel, les taux d’AMH étant plus bas au fur et à mesure de l’avancée en âge féminin.

2/ Les auteurs retrouvent :

  • une corrélation positive entre les taux élevés d’AMH, le nombre de follicules stimulés et le nombre d’ovocytes recueillis,
  • une corrélation positive entre les taux d’AMH, le nombre d’ovocytes matures, la qualité embryonnaire et le nombre d’embryons transférés.

(NDLR : on peut estimer que les taux d’AMH étant plus bas chez les femmes « plus âgées », c’est plus l’âge de la patiente qui intervient dans la qualité ovocytaire et qui va déterminer donc la qualité embryonnaire et l’évolution de la grossesse, que le taux d’AMH qui n’est qu’un reflet quantitatif du nombre de follicules et donc d’ovocytes recueillis).

Les auteurs concluent sur le fait que les taux d’AMH restent un facteur prédictif important de la réponse ovarienne à l’induction d’ovulation, mais que des taux bas d’AMH ne nuisent pas au développement embryonnaire.

Analyse critique (NDLR)

- Lier le taux d’AMH à la qualité ovocytaire, au taux de fécondité ou à la bonne évolution de la grossesse est critiquable, l’âge féminin paraît un facteur plus prédictif que l’AMH en tant que telle.

- Une autre critique que l’on pourrait apporter à cet article est l’absence de corrélation dans les résultats entre taux d’AMH, âge féminin et évaluation des qualités ovocytaires et embryonnaires, les auteurs n’ayant pas, de façon claire, défini un sous-groupe « âge jeune avec taux d’AMH bas ».

Références

The predictive value of serum concentrations of anti-Müllerian hormone for oocyte quality, fertilization, and implantation, Edson BORGES, Daniela P.A.F. BRAGA, Amanda SETTI, Rita de CASSIA FIGUEIRA, Assumpto IACONNELLI (Fertility Medical Group, SAO PAULO, Brésil) – JBRA Assisted Reproduction 2017 ; 21 (3) 176-182

 

 
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