L’article de J. SCHNEIDER et coll. (Tucson, Arizona – Pleasant Hill, Californie, USA) publié dans la revue Reproductive Healthcare, Elsevier 2017, est un commentaire sur les risques à moyen et long terme de cancer du sein chez les jeunes patientes ayant subi une induction d’ovulation dans le cadre de dons d’ovocytes.

Les auteurs retracent dans la littérature toutes les situations à risque de cancer du sein :

• Million Women Study en Grande-Bretagne (BERA et al. 2003) qui retrouve une augmentation significative de survenue de cancer du sein chez les patientes exposées à un traitement hormonal substitutif avec un risque accru lorsque l’exposition au THS était supérieure à 10 ans et en cas de traitement associant oestrogènes et progestatifs,
• le risque de cancer de sein est également augmenté dans les cas de mutation de type BRCA₁, BRCA₂, ATM et PALB_2,
• plusieurs études ont également mis en exergue le risque de cancer du sein chez les femmes présentant une infertilité (risque plus élevé de
  30 %) sans qu’il y ait forcément de lien retrouvé avec les traitements d’induction d’ovulation (étude de BRINTON 2004 et GIUDICE 2007).

Les auteurs rapportent également les résultats de 3 études récentes (BRINTON et al. 2014, STEWART et al. 2012, VAN DEN BELT 2016) et de 2 méta-analyses (LI 2012 ET SERGENTANIS 2014).

• L’étude de BRINTON (2014) retrouve une augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes traitées par Citrate de Clomiphene ou les femmes nulligestes (n = 9892) ;
• L’article de STEWART (2012) retrouve une augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes d’âge jeune (âge moyen : 24 ans) traitées par fécondation in vitro (n = 21025) ;
• L’étude VAN DEN BELT et DUSEBOUT (2014) montre que chez les patientes traitées pour infertilité entre 1983 et 1995 aux Pays-Bas :
  • un traitement par fécondation in vitro comparé à un traitement d’infertilité (hors fécondation in vitro) n’augmente pas la survenue de cancer du sein,
  • les auteurs ne retrouvent pas de différence significative de survenue de cancer du sein par rapport à une population générale,

• Les résultats des deux méta-analyses sont concordants et ne retrouvent pas d’augmentation de risque de cancer du sein, mais les délais moyens de surveillance sont courts : 6,2 années pour l’étude de LI, 8,3 années pour l’analyse de SERGENTANIS.

Les auteurs rapportent la survenue de cancer du sein chez des patientes ayant subi un traitement d’induction d’ovulation dans le cadre de dons d’ovocytes : de façon inhabituelle, 5 patientes jeunes, traitées dans le cadre de programmes de dons d’ovocytes, ont contacté les trois auteurs de ces articles pour rapporter la survenue de cancer du sein :

• les âges des patientes traitées variaient entre 29, 32, 34, 25 et 21 ans,
• la survenue de cancer du sein chez ces patientes a varié entre 5 à
  8 ans,
• toutes les femmes ayant rapporté aux auteurs la survenue de leurs lésions, ont été diagnostiquées comme négatives pour la mutation BRCA, une seule d’entre elles s’était révélée « positive » pour la mutation P13KCA,
• tous les résultats histologiques des lésions cancéreuses étaient récepteurs hormonaux positifs et HER₂ négatifs.

Pour les auteurs, ces « case reports » ne peuvent constituer en soit une étude significative sur le plan statistique, mais ils se posent en « lanceurs d’alerte » et demandent qu’un Registre Médical et Epidémiologique soit créé pour les dons d’ovocytes, et qu’une information complète sur les risques à moyen et long terme, notamment de cancer du sein, soit apportée à ces femmes souvent jeunes, traitées par stimulation ovarienne dans le cadre de dons d’ovocytes.

Long-term breast cancer risk following ovarian stimulation in young egg donors : a call for follow-up, research an informed consent – Jennifer SCHNEIDER, Jennifer LAHL, Wendy KRAMER – 2017 Reproductive Healthcare Ltd. Published by Elsevier Ltd.