Place des traitements anti-oxydants dans les infertilités masculines

Marian G. SHOWELL et Coll. (Université d’AUCKLAND, Nouvelle Zélande – Université de Western Australia) ont analysé dans 34 articles (2876 couples suivis par infertilité et/ou traités par assistance médicale à la procréation) les données de la COCHRANE DATABASE, publiées dans la COCHRANE LIBRARY (2011 issue 1) sur les effets de supplémentation en anti-oxydants administrés dans le cadre d’une infertilité masculine.

On estime entre 30 et 80 % les cas d’infertilité masculine liés aux effets délétères du stress oxydatif sur les spermatozoïdes.

Les études inclues dans la méta-analyse sont randomisées à partir d’une population masculine traitée par plusieurs types d’anti-oxydants vs une population témoin sans traitement ou prenant un placebo : les résultats sont analysés sur les taux de grossesse (grossesses débutantes, fausses-couches spontanées, grossesses à terme), les résultats des spermogrammes incluant mobilité et concentration des spermatozoïdes, et l’étude de la fragmentation du DNA spermatique.

La durée des traitements anti-oxydants variait de 3 semaines (DAWSON 1990) à 26 semaines (WONG 2002) avec un suivi variant entre un mois à 24 mois, la durée la plus longue de suivi était rapportée par l’article de KESOPOULO (1995) après une prise de 3 semaines d’anti-oxydants.

Dans seulement 3 études (KESOPOULO 1995, SIGMAN 2006, TREMELLEN 2007), les traitements ont intéressé des patients à l’occasion d’un traitement de fécondation in vitro ou fécondation in vitro avec ICSI ; aucune étude en vue d’insémination avec sperme de conjoint n’a été rapportée dans la méta-analyse.

En termes de résultats :

  • Les taux de grossesse : 96 grossesses sont retrouvées dans 15 articles incluant 964 couples, l’utilisation des anti-oxydants est associée à une augmentation significative du taux de grossesses par rapport au groupe témoin (OR 4,18. CI 2,65 à 6,59) ;
  • Taux de grossesses menées à terme : cette donnée est rapportée dans 3 articles : 20 grossesses sont retrouvées sur un total de 214 couples : le traitement anti-oxydant pris par l’homme augmente de façon significative par rapport au groupe contrôle, les taux de naissance à terme (OR 4,85 %. CI 1,92 à 12,24) ;
  • Taux de fausses couches spontanées : 3 études randomisées retrouvent 5 fausses couches spontanées dans le groupe traité (n = 139), 2 dans le groupe contrôle (n = 103), sans différence significative.
  • Mobilité des spermatozoïdes : ce critère est suivi à 3 mois (13 articles) 6 mois (4 articles) et 9 mois (3 articles). Les études à 3 mois (n =302 dans le groupe traité par anti-oxydants, n= 212 dans le groupe contrôle) montrent une amélioration de la mobilité des spermatozoïdes dans le groupe traité. Ces données se retrouvent dans les études menées après un suivi de 6 et 9 mois.
  • Concentration des spermatozoïdes : on ne retrouve pas d’effets bénéfiques à 3 mois du traitement par anti-oxydants (7 articles incluant 320 patients), les études sur le suivi à 6 mois (6 articles, n = 825) et le suivi à 9 mois (3 articles, n = 322) montrent une amélioration de la concentration des spermatozoïdes dans le groupe traité, par rapport au groupe traité par placebo.
  • Etude de la fragmentation du DNA spermatique : un seul article a rapporté (GRECO 2005) l’effet bénéfique du traitement anti-oxydant (vitamine C et vitamine E) sur la fragmentation du DNA spermatique.
  • La méta-analyse ne retrouve pas d’effets secondaires indésirables liés au traitement anti-oxydant.

Conclusion des auteurs : la supplémentation par anti-oxydants chez les patients présentant une infertilité améliore les paramètres du spermogramme en termes de concentration et de mobilité, et améliore les taux de grossesse et d’accouchement chez les couples pris en charge dans le cadre d’une infertilité et/ou traités par assistance médicale à la procréation.

Critiques de cette méta-analyse :

  • Absence de données sur le type d’anti-oxydants administrés ;
  • Hétérogénéité de la durée de prise des anti-oxydants ;
  • Absence de données sur la tératospermie et faible nombre d’études (1 seule étude menée par GRECO en 2005) sur les effets des traitements anti-oxydants sur la fragmentation du DNA spermatique.

M.G. SHOWELL et Coll. – “Antioxidants for mal subfertily” Cochrane Database of Systematic Reviews 2011, Issue 1

 
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