Le rajeunissement ovarien : Un espoir pour les femmes présentant une insuffisance ovarienne

Depuis environ 20 ans, un des problèmes les plus importants qui a été observé dans les consultations de médecine de la reproduction concerne l’âge de la femme qui a un projet parental après des années d’essais infructueux. Souvent, il s’agit de femmes dont le projet parental a été repoussé, souvent après leur 38e anniversaire, soit pour des raisons professionnelles, soit pour des secondes unions conjugales.

La prise en charge de femmes de cet âge constitue un défi, car il est bien connu que l’âge augmentant est responsable d’un taux d’aneuploïdie embryonnaire qui va de pair avec une moindre implantation embryonnaire ou une augmentation de fausses couches.

C’est une des raisons qui nous poussent à l’IVI à faire appel, lors de la fécondation in vitro (FIV), à un diagnostic embryonnaire pré-implantatoire d’une manière presque standardisée après 38 ans.

Lorsque le problème paraît insoluble, notamment chez les patientes après 43 ans, car le risque d’aneuploïdie est de près de 90 %, il est préconisé de faire appel au don d’ovocyte, méthode très satisfaisante en matière de résultats de grossesse, mais pas toujours acceptée par les couples.

Suite à ces constats, lors des dernières années, des essais de « rajeunissement ovarien » ont vu le jour, en faisant appel au « matériel biologique » de la femme, avec ses propres ovocytes, sans utiliser les ovocytes d’une donneuse.

Des méthodes qualitatives ont été mises en place, cherchant à améliorer la qualité des ovocytes, d’autres études d’ordre quantitatif cherchent à obtenir plus d’ovocytes, en pariant sur le fait d’avoir plus de possibilités d’obtention d’un ovocyte euploïde.

La méthode qualitative la plus utilisée a été commercialisée par une entreprise américaine nommée AUGMENT :

En prenant comme hypothèse que la mitochondrie est la principale source d’énergie cellulaire et qu’un ovocyte jeune possède plus de mitochondries qu’un ovocyte « âgé », AUGMENT prétend récupérer, à la surface de l’ovaire, des supposées cellules génitrices des ovocytes, qui seraient la source des mitochondries administrables aux ovocytes de la même patiente, pour les rajeunir.

Cette expérience a été réalisée dans plusieurs pays et à l’IVI, dans l’étude réalisée, nous avons observé que sur 52 patientes, cette méthode n’avait en rien modifié l’incidence des aneuploïdies : de ce fait, cette méthode controversée n’est pas considérée comme significative en termes de résultats, et devrait être abandonnée.

Augmenter chez les patientes « mauvaises répondeuses » une maturation folliculaire suffisante avec différents types de combinaisons de traitements inducteurs d’ovulation, est une pratique médicale connue, qui n’a pas toujours donné de résultats concrets et reproductibles ; il faut néanmoins souligner le travail de l’équipe de KAWAMURA et coll. qui ont obtenu la naissance d’un enfant chez une femme ménopausée : la méthode utilisée est l’IVA (In Vitro Activation) qui repose sur le principe de créer une « rupture mécanique » à la surface de l’ovaire, engendrant un stimulus pour les quelques follicules primordiaux « dormants » au niveau du cortex ovarien.

Dans un même sens, l’IVI a développé « l’Ovarian Fragmentation for Follicular Activation (OFFA) :

14 patientes présentant une insuffisance ovarienne précoce ont été opérées, 4 d’entre elles ont obtenu une grossesse spontanée suite à cette opération, 3 grossesses ont été menées à terme.

Ces études ont montré qu’en l’absence presque totale de follicules antraux chez des patientes jeunes présentant une insuffisance ovarienne prématurée, des résultats peuvent être obtenus.

Cependant, il faut noter que chez les patientes de plus de 40 ans, la qualité ovocytaire n’a été pas été satisfaisante, ce qui rend inadéquate l’indication de l’OFFA dans ce contexte.

Les moyens de retarder ou rendre réversible le vieillissement ovarien reste une préoccupation essentielle en Assistance Médicale à la Procréation (AMP).

Augmenter le nombre d’ovocytes paraît une tâche inutile chez les patientes au-delà de 40 ans, sauf dans le cas d’insuffisance ovarienne précoce chez des patientes plus jeunes, car la clé du succès se trouve dans l’interférence de la méiose ovocytaire en évitant que les problèmes liés à l’âge de ces cellules entraînent une aneuploïdie embryonnaire.

Il s’agit donc d’une tâche importante, difficile, qui pourrait néanmoins être une des majeures contributions dans le processus de reproduction humaine, notamment chez les patientes qui, pour des raisons « sociales » ou personnelles, ont un projet parental tardif.

Références :

  1. RUBIO MC et al. Fertil Steril 2017 ; 107 (5) : 1122-1129
  2. GARRIDO N et al. Fertil Steril 2012 ; 98 (2) : 341-6
  3. FAKIH MH et al. J. IVF 2015 ; 3 :3
  4. KYROU D et al. Fertil Steril 2009 ; 91 (3) : 749-66
     

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.