Mutation du facteur V de Leiden et du gène G20210A de prothrombine : quel retentissement en Fécondation In Vitro (FIV) ?

Il s’agit d’une étude prospective de G. RICCI et coll. (Université de TRIESTE, Italie).

Depuis plusieurs années, les études ont fait un lien entre thrombophilie et complications obstétricales, notamment fausses couches spontanées à répétition (RODGER 2010) ; l’étude de BRANCH (2010) n’a pas confirmé ces données.

Les études sur la place des thrombophilies, et notamment des patientes présentant une mutation du facteur V de LEIDEN, dans les infertilités inexpliquées, les échecs répétés de FIV, les complications thrombophiliques des hyperstimulations ovariennes, ont donné des résultats controversés.

Dans cette étude prospective, les auteurs ont voulu comparer :

  • l’incidence du facteur V de LEIDEN et du gène de prothrombine chez les femmes traitées par FIV et celles ayant une grossesse spontanée ;
     
  • les résultats de FIV et les complications obstétricales chez les porteuses de ces mutations, en comparaison avec des femmes non porteuses.

Entre mars 2005 et décembre 2009, 81 patientes traitées par FIV ont été incluses dans le protocole, le groupe contrôle de 90 patientes présentait une conception spontanée, 1165 cycles de FIV ont été étudiés : 80 patientes (avec 86 cycles de FIV) étaient porteuses des mutations, 450 patientes étaient non porteuses (1019 cycles de FIV).

Les résultats : 

  • l’âge moyen des patientes, tous groupes confondus, était de 36,2 ans ;
     
  • les auteurs ne retrouvent pas de différence significative dans la présence de mutation de facteurs V de LEIDEN ou de gène de prothrombine dans les deux groupes FIV et grossesse spontanée,
    6,9 % dans chaque groupe, p = 1.00 ;

     
  • 18 patientes dans le groupe FIV (2,9 %) et 17 patientes dans le groupe grossesse spontanée (3,5 %) étaient hétérozygotes pour la mutation du facteur V de LEIDEN ;
     
  • un pourcentage identique (3,3 %) était porteur de la mutation du gène de prothrombine dans les deux groupes ;
     
  • les auteurs dans le groupe FIV ne retrouvent pas de différence en termes de fécondation ou d’échec d’implantation entre les patientes porteuses des mutations et les patientes non porteuses. De même, aucune différence n’a été retrouvée chez les patientes enceintes après le premier traitement de FIV, les patientes ayant eu plus de 3 tentatives de FIV et le groupe contrôle de patientes fertiles : la prévalence de mutation thrombophilique était respectivement de 9,5 %, 9 % et 6,9 %.

Les résultats de cette étude prospective retrouvent que les mutations du facteur V de LEIDEN et du gène de prothrombine chez des femmes asymptomatiques, ne sont pas associées aux infertilités idiopathiques, n’affectent pas les résultats de la FIV, n’augmentent pas les risques de fausse couche spontanée ou d’hyperstimulation ovarienne.

Les auteurs remettent en cause la justification de recherche des mutations du facteur V de LEIDEN et de prothrombine chez les patientes présentant des échecs répétés de fécondation in vitro ou à risque d’hyperstimulation ovarienne.

De même, chez les patientes porteuses hétérozygotes des mutations et sans facteur de risque de thrombose, notamment en l’absence d’hyperstimulation ovarienne, les traitements préventifs anti-thrombotiques ne paraissent pas justifiés.

Factor V Leiden and prothrombin gene G20210A mutation and in vitro fertilization : prospective cohort study – Guiseppe Ricci, Paolo Bogatti, Leo Fischer-Tamaro, Elena Giolo, Stefania Luppi, Marcella Montico, Luca Ronfani, and Marcello Morgutti – Human Reproduction Vol.26 n°11 pp. 3068-3077, 2011.

 
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