Les traitements par androgènes ont-ils une utilité dans les réponses ovariennes faibles en protocole de Fécondation In Vitro (FIV) ?

L’équipe de S. Kamal SUNKARA et coll. (Kings College – LONDRES et Université d’ABERDEEN) rapportent les résultats de différentes études portant sur l’utilisation des androgènes chez les patientes étiquetées “mauvaises répondeuses” dans le protocole de FIV.

Une mauvaise réponse ovarienne faible est constatée dans 9 à 24 % des traitements de FIV et une analyse mondiale des pratiques médicales estime que plus de 25 % des praticiens utilisent un supplément en déhydroépiandrostérone (DHEA) pour améliorer la réponse ovarienne chez ces patientes.
 

Quels sont les mécanismes d’action des androgènes dans la folliculogénèse ?

  • Les premiers travaux les plus anciens chez la souris (PAYNE – 1959 ; SMITH et BRADBURY – 1961) montrent une augmentation de la croissance folliculaire et des cellules de la granulosa sous l’effet des œstrogènes ;
     
  • Les travaux de WEIR (1998-1999) retrouvent une augmentation de l’expression des récepteurs FSH au niveau des cellules de la granulosa, de la croissance folliculaire et de la biosynthèse d’œstrogène sous l’effet des androgènes ;
     
  • Autres travaux : NIELSEN (2011) montre que l’expression des récepteurs mNNA-FSH dans le liquide folliculaire est corrélée avec le niveau de récepteurs mRA des androgènes et avec le niveau des androgènes dans les cellules de la granulosa des follicules pré-antraux.

A partir de ces travaux, CASSON et MORALES (1994-1996) ont, les premiers, émis l’hypothèse que l’administration préalable orale de DHEA pourrait améliorer les résultats d’induction d’ovulation chez les « mauvaises répondeuses ».
 

Plusieurs essais thérapeutiques favorables à cette hypothèse ont été depuis réalisés :

  • GLEICHER (2006) retrouve une augmentation significative du nombre d’ovocytes recueillis et de transferts embryonnaires dans 25 cas de patientes traitées par DHEA (durée du traitement : 17 semaines, dose : 75 mg/jour) ;
     
  • BARAD (2007) inclut dans une autre étude 190 patientes : 89 sont traitées par DHEA (4 mois de traitement, 75 mg/jour), 101 sont incluses dans le groupe contrôle : LES TAUX DE GROSSESSE SONT DE 28,1 % DANS LE GROUPE TRAITE / 10,9 % DANS LE GROUPE CONTROLE ;
     
  • Dans une étude randomisée restreinte (n = 33), WEISER et coll. (2010) retrouvent des résultats équivalents ;
     
  • Une méta-analyse récente (SUNKARA – 2011), dans 4 études sélectionnées, confirme ces résultats mais les études comportent un nombre faible de cas, les critères d’inclusion sont hétérogènes, le type et la durée d’administration des androgènes variable. 
     

Comment interpréter ces résultats ?

  • Les androgènes ont-ils fait la preuve de leur efficacité chez les « mauvaises répondeuses » devant avoir un traitement d’induction d’ovulation ou FIV ?
     
  • La DHEA a-t-elle une action plus favorable ou plus physiologique que les autres androgènes, patchs ou gels ?
     
  • La DHEA est-elle la nouvelle molécule « anti-aging » ?

Pour les auteurs, il n’y pas d’études satisfaisantes clairement randomisées et statiquement significatives.

De surcroît, aucune étude précitée n’a étudié le statut androgénique des patientes avant traitement ou même fait de corrélations pré et post-thérapeutiques avec les taux d’hormones anti-mülleriennes ou le nombre de follicules pré-antraux.

Ces traitements restent donc à ce jour controversés, certains cliniciens justifient leurs « réserves » sur le rôle éventuellement néfaste qu’aurait un excès d’androgène sur l’arrêt de la maturation folliculaire.
 

Should androgen supplementation be used for poor ovarian response in IVF ? – S. Kamal SUNKARA et coll. – Human Reproduction Vol.27 n°3 pp.637-2012.

 
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