Hormone anti-Müllerienne (AMH), marqueur prédictif en terme de grossesses, risque d'hyperstimuation ovarienne et coût de traitements de Fécondation In Vitro (FIV)

A.P. YATES et coll. (Université de MANCHESTER, Grande Bretagne) utilisant l’hormone anti-Müllerienne comme critère de choix des traitements d’induction d’ovulation, analysent l’impact de ce modèle sur les résultats de grossesses, l’incidence de survenue de l’hyperstimulation ovarienne et la réduction des coûts des traitements de FIV.

L’AMH est connue et largement utilisée comme marqueur de la réserve ovarienne, à savoir du nombre de follicules pré-antraux potentiellement aptes à être maturés dans les traitements d’induction d’ovulation menés dans le cadre de la FIV.

L’AMH est sécrétée par les cellules de la granulosa, des petits follicules et des follicules pré-antraux ; les taux d’AMH sont stables tout au long du cycle menstruel et relativement bien corrélés au nombre de follicules pré-antraux mesurés par échographie transvaginale en début de cycle.

A partir de ce résultat d’AMH, on peut prédire les catégories de patientes à risque de réponse ovarienne trop forte, donc d’HSOV, ou a contrario, les patientes à risque de « mauvaise réponse » (NARDO et all. 2009, LA MARCA et all. 2010).

Dans cette étude rétrospective menée entre 2008 et 2009, l’équipe du Saint-Mary’s Hospital de MANCHESTER a établi différents protocoles de stimulation ovarienne, basés sur les taux individuels d’AMH chez 423 patientes traitées pour FIV, avec un groupe contrôle de 346 patientes traitées pour un premier cycle de FIV.

Les mauvaise réponses étaient définies à partir d’un cycle au cours duquel seulement 4 follicules ou moins étaient retrouvés au 8e jour du cycle de traitement ; les risques d’HSOV définis sur des taux d’œstradiol supérieur à 17000 pmol/l ou sur un nombre d’ovocytes recueillis supérieur à 20, et à titre préventif, les cycles étaient soit annulés, soit transformés en une congélation d’embryons avec transfert embryonnaire différé.

Dans le groupe contrôle (n = 346), 2 types de protocoles étudiés étaient utilisés entre 2007 et 2008 :

  • protocole « mi-long » avec analogues de la Lh-Rh en phase lutéale du cycle précédent la FIV ;
     
  • protocole court associant au cours du cycle FSH administrée à 300 UI (âge > 35 ans) ou 150 UI (âge < 35 ans) avec emploi des antagonistes de la Lh-Rh.

Dans le groupe « AMH-modèle », 4 choix étaient proposés :

  • AMH < 2,2 pmol/l : exclusion du protocole
     
  • AMH entre 2,2 et 15,6 pmol/l : emploi d’HMG 300 UI et à J6 emploi des antagonistes de la Lh-Rh,
     
  • AMS entre 15,7 et 28,6 pmol/l : désensibilisation hypophysaire par agonistes de la Lh-Rh puis début de traitement à J2 associant FSH 225 UI avec agonistes de la Lh-Rh,
     
  • AMH > 28,6 pmol/l : administration d’HMG 150 UI associée à J6 aux antagonistes de la Lh-Rh.

 

Résultats :

L’introduction du modèle de stimulation « individualisée » en fonction du taux d’AMH entraine :

  • une augmentation des taux de transfert embryonnaire : 87 %/79 % dans le groupe contrôle,
     
  • une augmentation des taux de grossesses cliniques et de grossesses menées à terme : 27,7 % dans le groupe AMH modèle/17,9 % dans le groupe contrôle,
     
  • une diminution de l’incidence de l’hyperstimulation ovarienne de 6,9 % à     2,3 %.

Par ailleurs, en termes de coût, les auteurs retrouvent une diminution de 29 % du coût des traitements d’induction d’ovulation et de 43 % dans la prise en charge des hyperstimulations ovariennes dans le groupe « AMH-modèle ».

Les auteurs, à partir d’un modèle de stimulation individualisée basé sur les taux d’AMH retrouvent donc des bénéfices majeurs en termes de succès de grossesses, risques d’hyperstimulation ovarienne, coût global des protocoles de FIV par rapport aux traitements standardisés.

 

A.P YATES, O. RUSTAMOV, S.A. ROBERTS, H.Y.N. LIM, P.W. PEMBERTON, A. SMITH and L.G. NARDO « Anti-Müllerian hormone-tailored stimuation protocols improve outcomes whilst reducing adverse effects and costs of IVF » - Human Reproduction, Vol. 26, n° 9 pp.2353-2362, 2011

 
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