Flash FFER 2011 : biologie de la reproduction

AMP et femmes séropositives pour le HIV.

L’équipe de l’Institut de Médecine de la Reproduction (IMR, Marseille) fait le bilan d’activité de 10 ans de prise en charge de patientes séropositives pour le HIV.

La prise en charge nécessite que les patientes répondent aux critères suivants : absence de pathologie grave intercurrente, taux de CD4 > 200/mm3 sur deux bilans espacés d’au moins trois mois dans les 6 mois précédents l’AMP et charge virale stable dans les six mois précédent l’inclusion. Un contrôle de l’état sérologique du conjoint dans les 15 jours précédents l’AMP est demandé.

Pendant ces dix ans, 24 patientes (65 cycles) ont bénéficiées d’une insémination intra utérine, 103 patientes (241 cycles) ont bénéficiées d’une ICSI.

7 enfants sont nés suite aux IIU et 44 enfants sont nés suite aux ICSI. Tous les enfants sont en bonne santé et séronégatifs.

 

Culture prolongée en AMP et santé des enfants.

L’équipe de l’Hôpital Saint Joseph (Marseille) s’est intéressé à la santé des enfants nés après culture prolongée et à un transfert d’un seul embryon. La culture prolongée permet d’obtenir des embryons au stade blastocyste qui ont un meilleur potentiel implantatoire. Cette étude comparative porte sur 2451 enfants ; 649 enfants nés après culture prolongée et  1802 enfants nés après un transfert à 48 ou 72H.

L’intérêt pour la santé des enfants du transfert d’un seul embryon confirme les résultats d’autres publications. Les données des enfants nés après culture prolongée comparées à celle des enfants nés après un transfert à J2 ou J3 sont très rassurantes.

 

Architecture chromosomique dans les spermatozoïdes à larges vacuoles.

L’équipe du laboratoire d’Histologie Biologie de la Reproduction CECOS de Rouen s’est intéressée à l’association entre la présence de larges vacuoles sur les spermatozoïdes observés au fort grossissement (en vue d’IMSI) et l’architecture chromosomique dans le noyau de ces spermatozoïdes, celle-ci n’étant pas aléatoire. L’étude en hybridation in situ en fluorescence (FISH) a comparée la topographie des chromosomes 18, X et Y entre spermatozoïdes « normaux » (surface vacuolaire < 6% de la surface de la tête du spermatozoïdes) et spermatozoïdes à larges vacuoles (surface vacuolaire > 13%). La distribution des chromosomes dans le noyau est modifiée dans les spermatozoïdes à larges vacuoles apportant un argument à l’hypothèse d’une relation entre la présence de vacuoles et la structure de la chromatine. Cette relation pourrait expliquer le défaut de développement embryonnaire précoce pour les ovocytes fécondés avec ce type de spermatozoïde.

 

Etude de la chromatine du spermatozoïde : maturité nucléaire et fragmentation de l’ADN.
L’équipe du service de Cytologie, Biologie de la Reproduction et Cytogénétique du CHU de Brest
s’est intéressée à la structure de la chromatine des spermatozoïdes ; celle-ci pouvant être associée à l’analyse des têtes spermatiques au fort grossissement (MSOME). L’analyse a été effectuée sur 75 patients, pour lesquels a été réalisées une fragmentation de l’ADN spermatique (technique TUNEL) et un index de maturité nucléaire.

L’altération de l’index de maturité nucléaire est liée aux anomalies spermatiques de numération, mobilité et formes atypiques, notamment anomalies céphaliques et restes cytoplasmiques ; ainsi qu’à des antécédents uro-génitaux.

La fragmentation de l’ADN spermatique est liée aux anomalies spermatiques de numération, mobilité, vitalité et formes atypiques (céphaliques).

Sur cette série, l’index de maturité nucléaire a été plus informatif que la fragmentation de l’ADN en ce qui concerne le risque d’échecs en AMP.

Ces résultats montrent qu’il serait possible d’adapter la prise en charge en AMP en fonction de ces examens (passage plus rapide en ICSI, passage en don), mais ils doivent être confirmés sur de plus grandes séries.

 

Déséquilibre chromosomique et fragmentation de l’ADN spermatique.

L’équipe du service de Cytologie, Biologie de la Reproduction et Cytogénétique du CHU de Brest s’intéresse à la relation entre la présence d’anomalie chromosomique (translocation réciproque et robertsonienne) chez un patient et la fragmentation de son ADN spermatique. L’analyse a été réalisée sur les mêmes spermatozoïdes (2000 spermatozoïdes par patient) ; d’abord par technique TUNEL (fragmentation de l’ADN) puis par hybridation in situ en fluorescence (FISH).

Le taux d’ADN fragmenté a été trouvé significativement augmenté dans les spermatozoïdes chromosomiquement déséquilibrés. Différentes hypothèses peuvent expliquer cette augmentation ; une apoptose abortive étant la principale hypothèse retenue par cette équipe.

 

Condensation chromatinienne du spermatozoïde humain en fonction de sa morphologie (x1000).

L’équipe du laboratoire de biologie de la reproduction-cytogénétique de l’hôpital de Poissy a cherché à savoir s’il y avait une relation entre la structure de la tête d’un spermatozoïde observé au grossissement 1000 et la condensation de la chromatine ; ceci afin de savoir si le choix du spermatozoïde à ce grossissement permettait de choisir un spermatozoïde dont la chromatine est normalement condensée. De manière significative, la chromatine des spermatozoïdes est plus fréquemment normalement condensée, si le spermatozoïde présente une tête de morphologie normale que si la tête est de morphologie anormale et ceci quelque soit le type d’anomalie. Cependant 1 spermatozoïde normal sur 5 présente une chromatine non condensée. Le spermogramme au grossissement x1000 est moins performant que l’analyse au fort grossissement x6000 (MSOME) qui permet de faire complètement le lien entre l’aspect morphologique et la condensation chromatinienne spermatique.

 

Evaluation du degré de maturation cytoplasmique des ovocytes humains.

L’équipe du service de Génétique Biologie du Développement et de la Reproduction CECOS du CHU de Besançon a évalué le degré de maturation cytoplasmique des ovocytes humains par spectrophotométrie en lumière blanche. En ICSI, il est possible d’évaluer le degré de maturité méiotique (ovocytes en métaphase II) et d’observer quelques anomalies morphologiques des ovocytes (anomalies ou particularités cytoplasmiques). L’analyse par spectrophotométrie en lumière blanche permet une évaluation de la maturité cytoplasmique ovocytaire qui n’est pas toujours correlée au stade de maturité méiotique de l’ovocyte analysé. Cette analyse retrouve des profils d’absorption décroissants en fonction du degré de maturité méiotique de l’ovocyte. L’analyse parallèle en microscopie électronique montre que cette modification d’absorption est liée à la migration des granules corticaux vers la membrane plasmique de l’ovocyte. Le transfert de ce type de technologie en routine au moment des tentatives d’ICSI devrait permettre de repérer les ovocytes pour lesquels il y a une dissociation entre maturité méiotique et maturité cytoplasmique.

 

Utilisation de milieux enrichis en acide hyaluronique pour améliorer les taux d’implantation embryonnaire.

L’équipe de reproduction humaine du CHI des Quatre villes – Sèvres et celle de l’hopital Aziza Othmana de Tunis se sont intéressés à l’intérêt d’ajouter de l’acide hyaluronique dans le milieu de transfert embryonnaire en FIV. L’acide hyaluronique constituant un hydrogel qui pourrait augmenter l’adhérence des embryons à l’endomètre et donc améliorer les taux d’implantation. L’équipe de Sèvres montre (sur une série de 171 transferts ; 37 avec l’embryoglue, 34 avec le milieu UTM et 100 en milieu ISM1 sans acide hyaluronique) une amélioration des taux d’implantation avec l’acide hyaluronique sans que la différence atteigne la significativité. L’équipe de Tunis a comparé une série de 263 FIV/ICSI avec transfert utilisant l’Embryoglue vs 256 FIV/ICSI avec en milieu classique. Il n’y avait pas de différences significatives entre les deux groupes en terme de grossesse.

 

Utilisation de l’EmbryoScope (FertiliTech, Danemark) en AMP.

L’équipe du laboratoire de biologie de la reproduction, HME de Nantess’est intéressé à l’utilisation de l’EmbryoScope dans différentes situations en AMP.  L’EmbryoScope est un incubateur équipé d’un microscope permettant de suivre en continu la cinétique de développement embryonnaire. Dans une étude rétrospective sur 78 couples, l’équipe montre que la précocité de disparition des 2 pronuclei et de la première division embryonnaire, sont en faveur d’une augmentation des chances d’implantation. L’EmbryoScope a permis également de montrer que la morphologie et la position des pronuclei et des nucléoles ne sont pas stables pendant le développement entraînant des notations erronées dans 10 à 20% des cas. Des études supplémentaires à plus grande échelle sont nécessaires pour valider l’intérêt de l’EmbryoScope en routine. L’équipe de Nantes  a également utilisé l’Embryoscope pour la cinétique de développement embryonnaire précoce en fonction du tabagisme féminin montrant un retard de développement embryonnaire chez les patientes fumeuses, reflet probable d’une diminution de la qualité embryonnaire.

 
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