Endométrite chronique et infertilité : place de l’hystéroscopie et de la biopsie d’endomètre en AMP

J.C. KASIUS, P. DEVROEY et coll. (Université d’Utrecht et Academy Hospital de Bruxelles, Belgique) ont analysé la prévalence de l’endométrite chronique chez des patientes asymptomatiques, devant être prises en charge dans un programme de fécondation in vitro avec micro-injections ovocytaires (FIV-ICSI).

Cette étude randomisée a porté sur 678 femmes, sans antécédent gynécologique, et dont le bilan infectieux et des examens échographiques étaient normaux.

Une hystéroscopie avec biopsie d’endomètre a été réalisée avant d’entreprendre le cycle de FIV-ICSI.

Les auteurs ont défini comme critère histologique d’endométrite la présence de lymphocytes éosinophiles infiltrant l’endomètre et comme critère essentiel, l’infiltration au niveau de l’endomètre de cellules plasmocytaires.

  • Le diagnostic d’endométrite chronique est difficile à établir.
     
  • La prévalence d’endométrite chronique en fonction du groupe de patientes étudiées et de la qualité des prélèvements tissulaires varient selon les études entre 0,2 et 46 %.
     
  • L’impact réel de l’endométrite chronique sur la fertilité est par ailleurs difficile à établir.

Dans cette étude, toutes les hystéroscopies ont été réalisées en première phase de cycle, avec une dose prophylactique d’antibiotiques le jour de l’examen.

Outre l’étude histologique classique, une étude immuno-histo-chimique (par marqueurs CD20, CD79a et CD138) a été réalisée.

Trois diagnostics ont été établis :

  • Absence d’inflammation au niveau de l’endomètre,
     
  • Endométrite « probable »,
     
  • Endométrite chronique évidente.

Sur le groupe de 678 patientes, 606 examens de biopsie d’endomètre ont été retenus comme valables pour l’étude.

RESULTATS :

  • Sur l’étude de l’endomètre (fixation à l’hématoxyline-éosine) 15 cas d’endométrite chronique évidente ont été diagnostiqué et 4 cas d’endométrite chronique focale. 
    L’emploi des marqueurs CD a retrouvé en complément 5 cas d’endométrite chronique.
     
  • La prévalence de l’endométrite chronique retrouvée sur un examen jugé comme satisfaisant sur le plan technique, était de :
    • 0,3 % de diagnostic « probable »,
    • 0,7 % d’endométrite chronique « focale »,
    • 2,8 % d’endométrite chronique certaine.
       
  • En termes de grossesse :
    Les taux cumulés de grossesse (incluant la survenue de grossesses spontanées) étaient identiques entre le groupe de femmes présentant une endométrite chronique et un groupe contrôle.
    Le taux de grossesse par transfert embryonnaire n’était pas significativement différent entre les deux groupes.

Dans une autre étude concernant un groupe de patientes suspectes de stérilité après une « inflammation pelvienne » et chez qui le diagnostic d’endométrite avait été porté (n=356), il n’y avait pas de différence en termes de grossesse par rapport à un groupe contrôle sans endométrite chronique (n=258).

LES AUTEURS CONCLUENT :

En l’absence de corrélation prouvée entre endométrite chronique et infertilité, que l’effet des antibiotiques sur les inflammations chroniques de l’endomètre n’est pas prouvé.

Les auteurs ne recommandent pas la pratique en routine de l’hystéroscopie pour le diagnostic d’endométrite chronique dans le cadre des bilans de fécondation in vitro.

The impact of chronic endometritis on reproductive outcome – JC KASIUS et coll. – Fertility and Sterility Vol.96 n°6 december 2011.

 
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