Cancer chez les enfants nés après assistance médicale à la procréation

Cette étude, parue dans le NEJM, analyse le risque de survenue de cancers chez les enfants nés en Grande Bretagne entre 1992 et 2008, issus de grossesses survenues après assistance médicale à la procréation (AMP).

Les registres de l’Institut National du Cancer chez les enfants de moins de 15 ans ont servi de base de données.

Depuis la première fécondation in vitro (FIV) réalisée en 1978, le nombre d’enfants nés après FIV n’a cessé de croître et est estimé à travers le monde à près de
5 millions d’individus.

La possibilité d’augmentation de cancers dans cette population infantile ciblée a été préalablement évoquée dans deux études : SCHIEVE et al. 2004 et MATTER et al. 2003.

Les mécanismes génétiques ont également été mis en cause dans l’augmentation notable de syndromes rares, liés à l’empreinte génomique chez les enfants nés après AMP.

Une étude suédoise menée entre 1982 et 2005 (KALLEN et al., Pediatrics 2010) sur 26.692 enfants nés après AMP, avait montré la survenue de 47 cancers (en dehors des histiocytomes), soit un taux plus élevé que dans la population infantile contrôle.

Dans l’étude du New England Journal of Medicine, la cohorte représentait 106.381 enfants, nés de 83.697 grossesses excluant les enfants nés après AMP avec don de sperme.

Le suivi moyen était de 6,6 années.

Résultats :

- sur la base d’un nombre attendu de cancers de 109,7, l’incidence ratio était de 0,98 (95 % CI, p : 0,87), le nombre de cancers chez les enfants nés après AMP était de 108.

- les résultats ne montrent pas de différence selon le sexe, l’âge, le poids de naissance, la parité, l’âge maternel ou paternel, le type d’assistance médicale à la procréation (FIV ou ICSI), la cause d’infertilité, le transfert d’embryons frais ou après décongélation.

- Risque selon le type de cancer :

Il n’existe pas d’augmentation de survenue de leucémie, de neuroblastome, de rétinoblastome ou de tumeur du système nerveux central.

Le nombre d’hépatoblastome relevé était de 6 soit une augmentation notable par rapport à la population infantile générale (IR 3,64 ; 95 % CI, p = 0,03).

Ce taux plus élevé était corrélé à un faible poids de naissance.

De même, le nombre de rhabdomyosarcomes chez les enfants dont le père avait plus de 40 ans, était plus important (n = 10 / n= 1 en nombre de cancers attendus).

Les auteurs considèrent la durée de suivi de 6,6 années d’âge comme suffisamment significative, excepté pour les cas de maladie d’Hodgkin et de tumeurs osseuses qui apparaissent un peu plus tard dans l’adolescence.
 

En conclusion :

Les auteurs ne retrouvent pas d’augmentation de survenue de cancers chez les enfants nés en Grande Bretagne après assistance médicale à procréation sur une cohorte étendue de 106.013 enfants.

Il note néanmoins la survenue de 6 cas d’hépatoblastome et de 10 cas de rhabdomyosarcome, soit une augmentation de risque par rapport à la population générale.

Ces données sont néanmoins rassurantes quant au risque cancérologique infantile après assistance médicale à la procréation.

 

Cancer Risk among Children Born after Assisted Conception – C.L. WILLIAMS, A.G. SUTCLIFFE et All. – N. England J. Med 2013,369 ; 1819-1827 Nov 2013  

 
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