Age du père et pathologies psychiatriques chez l’enfant

Résumé d’article.

Paternal Age at Childbearing and Offspring Psychiatric and Academic Morbidity (2014).
Brian M D’Onofrio, Martin E Rickert, Ralf Kuja-Halkola, Catarina Almqvist, Arvid Sjölander, Henrik Larsson, Paul Lichtenstein.
JAMA Psychiatry, February 26.
http://archpsyc.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1833092

Dans une étude suédoise réalisée à partir d’enfants nés entre 1973 et 2001, représentant 2 615 081 personnes, les auteurs ont cherché à savoir s’il y avait une relation entre l’âge du père au moment de la conception et l’évolution chez l’enfant. Les auteurs ont utilisés plusieurs registres suédois, permettant de connaître à la fois les pathologies psychiatriques et les niveaux d’études des enfants devenus adultes. Ils montrent des augmentations significatives de pathologies chez les personnes nées de pères ayant plus de 45 ans par rapport à celles nées de pères ayant entre 20 et 24 ans. Les résultats montrent des risques augmentées pour l’autisme (odds ratio : 3,45), le déficit d’attention et l’hyperactivité (odds ratio : 13,13), les psychoses (odds ratio : 2,07), les troubles bipolaires (odds ratio : 24,7),  les tentatives de suicide (odds ratio : 2,72),  et d’autre part un niveau d’éducation plus faible (odds ratio : 1,70).

Ces chiffres obtenus à partir d’une population importante avec des registres presque exhaustifs (représentant 89,6% de la population suédoise) confirment les résultats d’autres études (Reichenberg A et col, 2006 ; Miller B et col, 2011), voir les amplifient. Les auteurs montrent également que plus l’âge du père est élevé, plus le risque est important.

Ces résultats démontrent qu’il existe une association claire entre un âge avancé du père et l’apparition de pathologie psychiatrique chez l’enfant.

Les auteurs reprennent l’hypothèse que l’âge du père est certainement lié à une augmentation des mutations de novo pendant la spermatogenèse entrainant ce type de pathologie (Veltman JA et col, 2012).

Discussion.

Il est certain que ces résultats doivent être pondérés par le fait que ces pathologies sont  rares dans la population générale et qu’une augmentation même significative entraine heureusement un nombre faible de cas en valeur absolue.

D’autre part, ces résultats sont obtenus à partir d’une population suédoise n’intégrant pas le problème d’infertilité. On peut penser que la situation ne serait pas très différente dans une population infertile.

En France, il n’y a pas de limite d’âge du père pour une prise en charge de l’infertilité des couples dans un programme d’Assistance Médicale à la Procréation. Les équipes d’AMP ont des attitudes assez différentes concernant cette prise en charge, certaines équipes allant même jusqu’à la prise en charge de couples, dont l’homme est assez âgé. Dans ces situations, il est du devoir des équipes d’informer clairement les couples sur les risques qui en découlent, notamment aux vues des résultats de telles études. Il est de toute façon évident que ces résultats nécessitent une discussion de l’équipe pluridisciplinaire pour accepter de prendre en charge ces couples.
 

Références.

Reichenberg A, Gros R, Weiser M et col. (2006).
Advancing paternal ageand autism.
Arch Gen Psychiatry, 63 (9) : 1026-1032.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16953005

 

Miller B, Messias E, Miettunen J et col (2011).
Meta-analysis of paternal age and schizophrenia risk in male versus female offspring.
Schizophr Bull. 37(5) : 1039-1047.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20185538

 

Veltman JA, Brunner HG. (2012)
De novo mutation in human genetic disease.
Nat Rev Genet, 13(8) : 565-575.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22805709

 
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