Traitement hormonal de la ménopause et cancer du sein : des facteurs de susceptibilité individuelle !

Alors que les estrogènes représentent le meilleur traitement des symptômes du climatère à la ménopause, leur implication en termes d’augmentation du risque carcinologique mammaire a été établie dans de nombreuses études d’observation. L’étude WHI, en particulier avait montré une augmentation de 24% du risque de cancer du sein invasif sous traitement hormonal de la ménopause (THM) associant un estrogène et un progestatif. Il semblerait cependant que des facteurs de risque puissent être individualisés dans des sous-populations de patientes permettant de personnaliser la balance bénéfice/risque pour chaque femme. Ainsi, le risque pourrait varier selon, entre autres, l’âge de la femme et le timming de l’initiation thérapeutique.

Quelques études avaient déjà montré un risque de carcinologique différent en fonction de la date d’introduction du THM. De même, la densité mammaire constitue un facteur de risque puissant et indépendant de cancer du sein après la ménopause. Enfin, le THM serait associé à un plus fort risque chez les femmes les plus minces et ce dernier pourrait varier en fonction de l’ethnie.

Une équipe originaire de Chicago a cherché à identifier des groupes à haut ou à faible risque de cancer du sein sous THM à partir de registres nationaux. Les auteurs ont ainsi pu analyser plus de 1 600 000 mammographies de dépistage, 9300 aboutissant au diagnostic de cancer du sein chez des femmes ménopausées. Le risque de cancer du sein sous THM en fonction de l’ethnie, de l’indice de masse corporelle (IMC) et de la densité mammaire a pu être ainsi évalué.

L’utilisation d’un THM apparait associée à une augmentation du risque de cancer du sein de 20% chez les femmes après 50 ans alors même que cette élévation n’est pas retrouvée chez les 45-49 ans. De même, ce risque semble accru chez les femmes blanches, les femmes d’origine hispanique ou asiatique mais pas chez les femmes noires.

Les femmes dont la densité mammaire était la plus forte avaient un risque augmenté de près de 50% en cas d’utilisation d’un THM comparativement aux patientes aux plus faibles densités radiologiques.

Enfin, après analyse multivariée, les 20% de femmes en surpoids ou obèses n’avaient pas de risque accru  de cancer du sein sous THM si leur densité mammaire était faible. A l’inverse, les femmes minces ou de poids normal avec une forte densité mammaire apparaissait les plus à risque de développer un cancer du sein (OR=1.49 IC à 95%=1.21-1.83).

Il semble donc que puissent être identifiés des facteurs de risque spécifiques du cancer du sein sous THM. Les femmes noires et les femmes en surpoids ou obèses n’avaient pas de risque accru de cancer du sein sous THM si leur densité mammaire était faible. A l’opposé, les femmes minces à forte densité mammaire étaient celles qui encouraient le plus grand risque sous traitement.

Quelques réserves s’imposent cependant face à ces résultats :

  • le type de THM n’est pas précisé dans cette étude alors que plusieurs publications ont innocenté l’utilisation d’une estrogénothérapie isolée chez les femmes hystérectomisées ; or les noires américaines seraient plus souvent opérées pour des pathologies utérines bénignes.
     
  • les durées des traitements utilisés ne sont pas connues et seul le traitement en cours était pris en compte dans cette évaluation entrainant probablement une sous-estimation du risque puisque la durée du THM est corrélée au risque carcinologique mammaire.
     
  • aucune donnée ne permet ici d’apprécier l’hormono-dépendance des tumeurs qui, dans certaines études, semble différente selon les ethnies

Si les données de cette étude venaient à se confirmer, nous pourrions individualiser des sous-groupes de femmes dont le risque mammaire sous THM serait faible (femmes obèses ou noires à faible densité mammaire) chez lesquelles la balance bénéfice/risque apparaitrait plus positive que chez les autres.

 

Hou N, Hong S, Wang W et al. Hormone replacement therapy and breast cancer: heterogeneous risks by race, weight, and breast density. JNCI, 3 sept 2013: 1-8.

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.