Traitement des prolactinomes : surveillez le cœur !

L’association entre l’utilisation d’agonistes dopaminergiques et les valvulopathies cardiaques a été évoquée et reste controversée. En effet, des cas de pathologies valvulaires, en particulier des fuites mitrales, ont été rapportées chez des patients atteints de Parkinson traités par de fortes doses de  cabergoline (Dostinex*) ou pergolide (Celance*). Ces molécules sont également utilisées en cas d’adénomes hypophysaires à prolactine et il existe à ce jour peu de données sur le risque cardiaque au long cours de telles thérapeutiques.

Une étude de cohorte a suivi, par échographie cardiaque, 74 patients traités pour prolactinome par des agonistes dopaminergiques. On distinguait 2 groupes : le groupe 1 sous cabergoline et le groupe 2 bénéficiant d’un autre traitement médical (bromocriptine (Parlodel*), quinagolide (Norprolac*)…)  ou chirurgical. Une échographie cardiaque avait été réalisée au début de l’étude et après 2 ans de suivi.

Lors de l’entrée dans l’étude : la moyenne d’âge était de 48 ans, la cohorte était constituée de 23% d’hommes, 45 patients sous cabergoline et  la durée moyenne du traitement médical suivi jusque là de 8 ans.

Aucune modification de la fonction des valves cardiaques n’était retrouvée quelque soit le groupe. En revanche, il existait des modifications morphologiques avec une augmentation significative des calcifications s’élevant de 48 à 58%. Ces calcifications touchaient principalement la valve aortique alors que les valves mitrale et tricuspide étaient peu altérées. Les principales modifications étaient notées dans le groupe 1, sous cabergoline.

Ces altérations font intervenir l’affinité des agonistes dopaminergiques pour de récepteur 2B avec pour conséquence une augmentation de l’activité mitogène des cellules fibroblastiques valvulaires.

Les différences observées par rapport aux données chez les parkinsoniens chez lesquels existaient de réelles fuites valvulaires sont probablement en relation avec l’âge des patients, leur sexe et surtout les doses cumulées nettement plus importantes (en moyenne leurs doses cumulées étaient 10 fois plus élevées que chez les patients atteints de prolactinome).

La question  de la surveillance cardiaque par échographie peut donc se poser en cas de traitement par cabergoline prolongé et à fortes doses. Par rapport aux autres traitements des prolactinomes, la cabergoline reste le traitement le mieux toléré, le moins contraignant et le plus efficace en terme de réduction des taux de prolactines et de diminution du volume tumoral. Globalement, le faible impact cardiaque de cette molécule sur le cœur ne doit pas nous faire modifier nos indications thérapeutiques ; seuls les cas de macroadénomes imposant des traitements prolongés à fortes doses imposent une surveillance cardiaque par échographie.

Changes in heart valve structure and function in patients treated with dopamine agonists for prolactinomas, a 2-years follow-up study. Clin Endocrinol (Oxf).2011 Dec 23. doi: 10.1111/j.1365-2265.2011.04326.

 
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