Taux d’AMH : un bon facteur prédictif de la reprise d’activité ovarienne après chimiothérapie !

De nombreux traitement du cancer sont responsables d’atteinte de la fonction ovarienne avec survenue de ménopause prématurée et d’infertilité. Certains facteurs comme la nature des produits utilisés, leur dose cumulée et l’âge de la patiente lors de la chimiothérapie sont connus pour interférer avec le risque d’insuffisance ovarienne ultérieure. Des paramètres de la réserve ovarienne comprenant des données échographiques (compte des follicules antraux, volume ovarien) et biologiques (AMH, inhibine B, estradiol, LH, FSH) sont couramment utilisés pour évaluer la fertilité. Leur utilisation en tant que prédicteur de la réponse ovarienne à la chimiothérapie n’est pas validée.

Une étude américaine a tenté d’identifier les facteurs associés au déficit de la réserve ovarienne pendant et immédiatement après une chimiothérapie chez 46 adolescentes et jeunes femmes atteintes d’un cancer. Les patientes, âgées de 15 à 35 ans, présentaient un cancer du sein pour 46% et une leucémie pour 37%. La chimiothérapie utilisée faisait appel à des agents alkylants dans 72% des cas. Parmi les 12 patientes nécessitant un recours à la radiothérapie,  2 avaient reçu une irradiation pelvienne (une seule ayant bénéficié d’une transposition ovarienne antérieure au traitement). Cinq femmes avaient eu un prélèvement ovarien et une patiente avait subit une ovariectomie dans le cadre de la préservation de sa fertilité. Le suivi moyen était de 9,3 mois après la fin du traitement.

Après la fin des traitements, 43% des patientes rapportaient une aménorrhée à la visite des 3 mois et 29% à 6 mois. Lors de la première visite d’évaluation, tous les paramètres de la réserve ovarienne étaient altérés avec une augmentation de 321% pour la FSH, 183% de la LH et une diminution de 89% pour l’AMH, de 56% de l’estradiol, de 55% pour l’inhibine B, de 46% pour le volume ovarien et de 75% pour le compte des follicules antraux.

Ces paramètres de la fonction ovarienne étaient perturbés de manière plus marquée dans certains cas : - utilisation d’agents alkylants, - longue durée des traitements, - réserve ovarienne faible avant traitement. La durée du traitement influençait l’importance de l’élévation de la FSH significativement plus élevée lorsque les traitements dépassaient 90 jours. L’utilisation d’agents alkylants altérait le pronostic concernant les taux d’AMH, d’estradiol, d’inhibine B et le compte des follicules antraux.

A 9 mois, seul le taux d’AMH de base apparaissait corrélé à une récupération de la fonction ovarienne après ajustement sur les autres facteurs : pour un chiffre d’AMH supérieur à 2 ng/ml, le taux de récupération après la chimiothérapie était de 11,9% par mois alors qu’elle n’était que de 2,6% par mois pour un chiffre inférieur ou égal à 2 ng/ml.

La détérioration de la fonction ovarienne sous chimiothérapie correspond à la destruction des follicules ovariens. La récupération reflète une reprise de la croissance folliculaire après la fin des thérapeutiques. Cependant, la destruction des follicules primordiaux durant le traitement du cancer est irréversible aboutissant inévitablement à une diminution de la réserve ovarienne. Tous les paramètres de la fonction ovarienne chutent considérablement immédiatement après la chimiothérapie de façon plus ou moins marquée en fonction des taux pré-thérapeutiques, de l’utilisation d’agents alkylants et de la durée des traitements.

Ces éléments confirment l’importance de l’évaluation pré-thérapeutique de la fonction ovarienne de ces jeunes patientes et la mise en place des techniques de préservation de leur fertilité chaque fois que cela est possible.

 

Dillon K, Sammel M, Prewitt M, et al. Pretreatment antimüllerian hormone levels determine rate of posttherapy ovarian reserve recovery : acute changes in ovarian reserve during and after chemotherapy. Fertil Steril 2013;99:477-83.

 
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