SOPK : un nouveau facteur de risque thromboembolique ?

L’incidence annuelle de la maladie thromboembolique est de 1 à 2/ 1000 adultes par an avec un risque variable selon l’âge, l’ethnie et le sexe. Son origine est multifactorielle avec intrication de facteurs acquis et hérités. Cependant, son étiologie reste inconnue dans 26 à 47% des cas de premier épisode thromboembolique.

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), désordre endocrinien affectant 4 à 6% de la population des femmes en âge de procréer,  pourrait constituer une condition favorisante. En effet, ce syndrome est associé à une élévation du PAI-1 insulino-induit, puissant inhibiteur de la fibrinolyse.

Le but de l’étude actuelle est de déterminer la prévalence des maladies thromboemboliques chez les femmes atteintes de SOPK comparativement aux femmes indemnes.

Les données étudiées sont issues de registres d’une grande assurance américaine recueillant les admissions hospitalières, consultations et utilisations des produits pharmaceutiques entre 2003 et 2008 dans différents états des USA.

Ainsi en 2008, 35 millions de personnes étaient répertoriées et l’analyse qui nous intéresse était restreinte aux femmes de 18 à 45 ans. Le SOPK était défini par l’association, à divers degrés, d’une hyper-androgénie, troubles de l’ovulation et ovaires polykystiques échographiques.

Sur les 12 171 830 de femmes éligibles, 23 941 accidents thromboemboliques se sont produits dont 59% de phlébites profondes, 20,7% d’embolies pulmonaires et 19,4% associant les 2.

La prévalence des accidents thromboemboliques était de 374,2 / 100 000 femmes en cas de SOPK et de 193,8 / 100 000 chez les femmes indemnes. Cette prévalence était maximale chez les 35-45 ans dans les 2 groupes. La plus grande différence était retrouvée chez les 18-24 ans avec un risque relatif de 3,26 et cela indépendamment de l’âge, de l’obésité et de la prise de contraception orale.

Curieusement, la prise de contraception hormonale semblait, dans cette étude, être un facteur de protection du risque chez les femmes atteintes de SOPK avec un RR de 0.8 (0.73- 0.97).

Il s’agit donc de la première étude évaluant la prévalence des accidents thromboemboliques en cas de SOPK : celle-ci apparait augmentée de façon significative comparativement aux femmes non atteintes. Les hypothèses avancées par les auteurs font intervenir les plus fortes productions d’estrogènes et d’androgènes à cet âge avec d’importantes altérations des sécrétions de LH, SHBG associées à un hyperinsulinisme plus marqué. L’hyperinsulinisme associé à la baisse de la SHBG pourrait diminuer la fibrinolyse en stimulant directement la sécrétion du PAI-1.  Des études cliniques sont, bien sûr, nécessaires pour étayer cette hypothèse.

Concernant le surprenant rôle protecteur de la contraception estro-progestative retrouvé, l’hypothèse émise par les auteurs repose sur une diminution de la production des stéroïdes sexuels et une augmentation de la SHBG.

L’existence de pathologies coronariennes liées au SOPK était déjà bien documentée et clairement attribuée aux désordres métaboliques associés ; mais la relation au risque thromboembolique, étudiée ici, n’avait jusque là pas été réellement évoquée. Malgré l’existence de nombreux biais inhérents à ce type d’étude, cette association mérite surement la réalisation d’évaluations complémentaires.

Okoroh EM, Hooper WC, Atrash HK, et al. Is polycystic ovary syndrome another risk factor for venous thromboembolism? United States, 2003-2008. Am J Obstet Gynecol 2012;207:377.e1-8.

 
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