Risque accru de cholécystectomie sous THM oral sans progestatif: résultats de la cohorte française E3N

Les facteurs de risque de lithiases vésiculaires chez les femmes sont l’âge (> 50 ans), l’obésité, la multiparité, une dyslipidémie, un hyperinsulinisme, une alimentation déséquilibrée et une prédisposition génétique. Suites à différentes études anglo-saxonnes, s’y ajouterait la notion de prise d’un traitement hormonal de la ménopause (THM) entrainant un risque augmenté de cholécystectomie. Des données françaises issues de l’étude prospective E3N viennent d‘être publiées confirmant et précisant cette hypothèse.

Ainsi, 70 928 femmes ont été suivies entre 1992 et 2008 par l’intermédiaire de questionnaires adressés tous les 2 ans. Durant un suivi moyen de 11,5 ans, 2 819 patientes avaient subi une cholécystectomie. Une association positive était retrouvée avec l’IMC, la parité, une histoire d’hypercholestérolémie ou de diabète et le niveau d’éducation. Globalement, le THM principalement par voie extra-digestive avait été utilisé chez 45 984 femmes soit 64,8% de la population étudiée.

Après ajustement sur les facteurs de risque connus, l’utilisation d’un THM était associé à un risque significativement accru de cholécystectomie (RR=1.10 : 1.01-1.20) comparativement à celles qui ne l’avaient jamais utilisé. L’association concernait uniquement l’utilisation des estrogènes par voie orale ; les autres voies d’administration ne semblant pas modifier pas le risque par rapport aux non utilisatrices. Le type de molécule employée par voie orale (estrogènes conjugués équins ou estradiol) ne modifiait pas ces résultats. Le risque était significativement accru pour les femmes utilisant une estrogénothérapie seule (RR=1.38 : 1.14-1.67), en comparaison avec celles sous THM comportant une molécule progestative, sans effet durée retrouvé. Il n’apparaissait pas de différence entre les utilisatrices actuelles de THM et celles l’ayant utilisé par le passé quelqu’en soit le délai d’interruption.

Parmi les femmes ayant été opérées, celles sous estrogénothérapie étaient plus jeunes, plus minces et avaient moins d’antécédent lithiasique à l’entrée dans l’étude. Le risque absolu de cholécystectomie était, dans cette cohorte, de 49/10 000 années-femmes sous estrogénothérapie et de 35/10 000 AF chez les non utilisatrices.

Les résultats issus de cette cohorte française confirment le risque de pathologie lithiasique sous THM lorsque les estrogènes sont administrés par voie orale et non accompagnés d’une molécule progestative. Ces données constituent un argument supplémentaire en faveur de leur utilisation par voie extra-digestive, déjà majoritairement préconisée en France.

 

Racine A, Bijon A, Fournier A et al. Ménopausal hormone therapy and risk of cholecystectomiy : a prospective study based on the French E3N cohort. CMAJ 2013.DOI:10.1503/cmaj.121490.

 
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