Quand le MPA accroît le risque de cancer du sein !

L’étude WHI a évoqué la responsabilité des progestatifs, et en particulier de l’acétate de médroxyprogesterone (MPA) dans l’augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées. L’association MPA et estrogènes conjugués y augmentait de 24% l’incidence du cancer du sein alors que les estrogènes seuls semblaient plutôt la diminuer de façon non statistiquement significative. La composante progestative du traitement hormonal de la ménopause apparait donc jouer un rôle essentiel.

Le MPA injectable trimestriel, utilisé à visée contraceptive, est une méthode largement utilisée de par le monde et approuvée par la FDA depuis 1992. Il existe, à ce jour, peu de données entre le MPA et l’incidence du cancer du sein dans cette indication. Quelques études cas-contrôles évoqueraient un risque accru de 1,5 à 2,6 fois. Mais il s’agissait toujours de rapports sur de petits nombres de femmes de moins de 45 ans avec peu de précisions.

Des auteurs de Seattle ont conduit une large étude cas-contrôles auprès de femmes âgées de 20 à 44 ans. 1028 femmes ayant développé un cancer du sein invasif entre juin 2004 et juin 2010 étaient comparées à 919 contrôles de même âge (1). Toutes ces femmes étaient interrogées sur leur histoire gynécologique, leurs antécédents personnels et familiaux, leur utilisation de contraception hormonale (avec tous les détails concernant les doses, les durées et les voies d’administration).

Les patientes atteintes de cancer du sein et les femmes contrôles étaient similaires concernant leurs âge, niveau d’éducation et de revenus. Certaines différences apparaissaient : - les cas avaient plus souvent un antécédent de cancer du sein chez un  apparenté du 1er degré, - étaient volontiers plus minces, -  avaient utilisé une contraception hormonale 10 ans ou plus,- étaient plus souvent nullipares ou plus jeunes lors de leur 1er grossesse,- avaient plus fréquemment eu une mammographie de dépistage.

Les femmes ayant utilisé le MPA 12 mois ou plus avaient un risque augmenté de 2,2 fois de cancer du sein (IC 95%, 1,2-4,2). Le timing du MPA par rapport à la première grossesse menée à terme ne semblait pas avoir d’incidence sur le risque de cancer du sein. En revanche, l’âge lors de la première utilisation du MPA pourrait en avoir une : les femmes l’ayant utilisé après l’âge de 35 ans ont un risque supérieur. Par rapport aux femmes n’ayant jamais utilisé de contraception hormonale, le MPA utilisé plus de 12 mois, augmente le risque de 2,8 (IC 95%, 1,3-5,9). Comparativement à des femmes ayant utilisé toutes autres sortes de contraceptions hormonales, l’utilisation de MPA accroît le risque de 2,1 (IC 95%, 1,1-4,0). Aucune différence significative n’apparaissait concernant la taille, l’histologie tumorale, l’expression des récepteurs tumoraux…Cependant on retrouvait une augmentation de 3,3 de risque de tumeur triple négative.

Les hypothèses physiopathologiques sont peu discutées dans cette étude. Les auteurs soulignent la longue durée d’imprégnation progestative puisque la molécule persiste bien au-delà des 3 mois théoriques de l’action contraceptive avec des taux circulants inhibant l’ovulation jusqu’à 7,5 à 9 mois après une simple injection. Le MPA est de plus une molécule progestative très particulière  non sélective avec une activité glucocorticoïde non négligeable. Ses effets sur la prolifération des cellules mammaires pourraient passer par cette action (2).

Il s’agit de la 1ère grande étude américaine spécialement destinée à évaluer la relation entre le MPA injectable à visée contraceptive et le risque de cancer du sein chez des femmes jeunes. Les résultats montent une augmentation de 2,2 significative de ce risque. Le risque n’était plus retrouvé 5 ans après l’arrêt du MPA ou chez celles l’utilisant depuis moins de 12 mois. Ces données sont en faveur d’un effet promoteur plusqu’initiateur.

 

  1. C. I. Li, E. F. Beaber, M. T. Chen Tang, P. L. Porter, J.R. Dailing, and K. E. Malone. Effect of depo-medroxyprogesterone acetate on breast cancer risk among women 20 to 44 years of age. Cancer Res 2012; 72(8): 2028-35.
     
  2. A Gompel. Micronized progesterone and its impact on the endometrium and breast vs. progestens. Climateric 2012;15(Suppl 1):18-25.

 
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