Quand la consommation d’alcool augmente le risque de cancer du sein !

De nombreuses études associent la forte consommation d’alcool à un risque accru de cancer du sein. En revanche, le risque pour de faibles consommations est peu voire pas évalué. De même, on ne retrouve pas de données en fonction de l’âge et des rythmes d’alcoolisation (chronique ou aigue).

A partir de la vaste cohorte de la Nurses’Health Study, 74854 femmes ont été suivies et régulièrement interrogées, à l’aide de questionnaires remis à jour tous les 2 à 4 ans, sur leur prise d’alcool. Cette consommation était appréciée en g/jour et un calcul était effectué afin d’obtenir une dose cumulée. Entre 1980 et juin 2008, 7690 cancers invasifs du sein ont été diagnostiqués.

Pour de faibles consommations d’alcool (5 à 9,9 g/j soit 3 à 6 verres de vin par semaine), le risque relatif de cancer du sein retrouvé était de 1.15 (1.06-1.24). Pour de plus fortes consommations (30g/j soit 2 boissons par jour), il passait à 1.51 (1.35-1.70). Il ne semblait pas y avoir de différences en fonction du type de boissons avec un risque relatif pour 10 g/j d’alcool de 1.12 pour le vin, 1.09 pour la bière et les liqueurs. Cet accroissement de risque n’apparaissait pas identique pour tous les modes d’alcoolisation : plus net pour les intoxications aigues itératives que pour l’alcoolisme chronique. La période de la vie de l’alcoolisation importait peu puisque le risque était retrouvé aussi bien pour des prises d’alcool de 18 à 40 ans que pour celles après l’âge de 40 ans.

Un des mécanismes possibles de l’influence de l’alcool sur le risque carcinologique mammaire faisant intervenir des interactions hormonales, les auteurs ont cherché à vérifier le statut des récepteurs :  il semble que la consommation d’alcool soit plus volontiers associée à des cancers ER+, PR+ ou ER+ et PR+ sans pour autant atteindre le seuil de la significativité. Il n’existait aucune différence concernant le type histologique du cancer.

Cet article semble montrer que même de faibles consommations d’alcool (3 à 6 verres par semaine) pourraient être associées à une modeste augmentation du risque de cancer du sein. Les auteurs ont retrouvé une augmentation du risque de 10% pour chaque apport supplémentaire de 10g/j d’alcool.

Le mécanisme exact à l’origine de l’association entre alcool et cancer du sein n’est pas clairement élucidé mais une des explications probables repose sur les modifications des taux d’estrogènes circulants. Il semblerait que l’alcool puisse augmenter les taux plasmatiques des hormones sexuelles et ce via plusieurs actions : augmentation de l’aromatase, diminution de la dégradation hépatique des androgènes,  modification de la production des stéroïdes surrénaliens. De plus, des études in vitro ont montré que l’alcool augmente l’activité transcriptionnelle du récepteur alpha des estrogènes (pouvant ainsi augmenter la sensibilité du tissu mammaire aux estrogènes), favorise la prolifération et accroit le contenu en récepteurs alpha des lignées de cellules ER+. 

La consommation d’alcool semble donc être associée de façon linéaire au risque de cancer du sein devenant ainsi un modeste mais authentique facteur de risque. Ce risque est identique quelque soit le type d’alcool (vin, bière, liqueurs) et l’âge auquel il est consommé. Plus que le type d’alcoolisation (chronique ou aigue), c’est la dose cumulée qui semble être le facteur déterminant.

Il faut toutefois retenir que l’accroissement du risque de cancer du sein liée à l’alcool reste extrêmement modeste : il n’y a donc surement pas lieu de terroriser les femmes, ce d’autant que l’alcool semblerait avoir des vertus en plus de celle du plaisir…A consommer donc…avec modération!

 

Moderate alcohol consumption during adult life, drinking patterns, and breast cancer. W Chen, B Rosner, S Hankinson, G Colditz, W Willett. JAMA, 1001;306(17):1884-1890.

 
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