Ostéoporose : toujours chercher le responsable ?

La découverte d’une ostéoporose devrait imposer la réalisation d’un bilan étiologique à la recherche d’une ostéoporose secondaire ou d’un déficit vitamino-calcique. En effet, le traitement de l’ostéoporose ne peut être optimal qu’en en traitant spécifiquement la cause, si elle existe. Selon les études de la littérature, 27 à 80% des ostéoporoses pourraient être en relation avec une cause précise, incluant les carences vitamino-calciques.

La prévalence de ces anomalies lors d’une fracture n’avait, jusqu’alors, jamais été évaluée ; une équipe des Pays-Bas a analysé de nombreux paramètres biologiques chez des patients se présentant aux urgences pour une fracture. Ainsi, 626 sujets (482 femmes et 144 hommes), âgés de 50 à 97 ans ont bénéficié d’un bilan très complet associant une ostéodensitométrie à des tests biologiques : calcémie, phosphorémie, 25 OH D3, créatinine, PTH intacte, TSH et T4 libre, électrophorèse des protéines et testostéronémie chez les hommes.

L’ostéodensitométrie était considérée comme normale chez 15% des patients, alors que 45,7% étaient dans la zone de l’ostéopénie et 39,3% dans celle de l’ostéoporose. Lorsqu’il s’agissait d’une fracture dite « majeure » (vertèbre, fémur, bassin humérus..), le pourcentage d’ostéopéniques montait à près de 50%. En cas de fracture fémorale, 58% des patients étaient ostéoporotiques.

23% des patients présentaient dès l’interrogatoire un antécédent pouvant influer négativement le métabolisme osseux. Chez 26,5% a pu être mise en évidence une anomalie pouvant être à l’origine d’une ostéoporose secondaire. Il s’agissait principalement d’un pic monoclonal, d’une insuffisance rénale, d’une hyperthyroïdie, d’une hyperparathyroïdie primaire ou secondaire ou d’un hypogonadisme chez les hommes de l’étude. Les anomalies biologiques étaient d’autant plus fréquentes que la BMD était basse.

Une insuffisance en vitamine D était observée chez près de 65% des patients fracturés associée à un important déficit en apport calcique ; ceci était constaté dans les 2 sexes, à tous les âges et quelque soit le niveau de la BMD.

La recherche d’un déficit vitamino-calcique par l’interrogatoire et les tests biologiques appropriés doit être systématique au décours immédiat d’une fracture quel qu’elle soit tant la carence est fréquente et facilement prévenue par des moyens simples. Pour ce qui est de la recherche d’une ostéoporose secondaire, elle devrait être systématiquement réalisée, d’après les auteurs, pour toute fracture après 50 ans : et ce d’autant qu’il s’agit d’une fracture « majeure » et qu’une ostéoporose densitométrique est mise en évidence. Elle devrait alors comprendre les paramètres suivants : calcémie, albuminémie, TSH, créatininémie, 25OHD3, électrophorèse des protéines dans le sang et les urines et testostérone chez les hommes. La découverte d’une étiologie à l’origine de l’ostéoporose impose, dès qu’il est envisageable, un traitement spécifique assorti d’un suivi adapté.

Bours S, van Geel T, Geusens P, Janssen M, Janzing H, Hoffland G, Willems P, van den Bergh J. Contributors to secondary osteoporosis and metabolic bone diseases in patients presenting with a clinical fracture. J Clin Endocrinol Metab. 2011;96.

 
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