Les estrogènes bons pour la santé ?

La branche « estrogènes seuls » de l’étude WHI évaluait les effets d’une substitution estrogènique chez des femmes ménopausées hystérectomisées. Cet essai fut interrompu prématurément après un suivi moyen de 7,1 ans du fait du risque accru d’accidents vasculaires cérébraux et d’une balance bénéfices-risques plutôt négative. L’analyse de l’effet du traitement montrait des différences en fonction de l’âge des femmes : sous estrogènes conjugués équins, les femmes les plus jeunes avaient un risque moindre de maladies coronariennes, de cancer colo-rectal et de décès toutes causes confondues. Ces données ne concernant que la période de traitement, les investigateurs ont voulu faire le point sur l’état de santé de ces femmes après son arrêt, avec un suivi moyen de 10,7 ans.

Cette branche de l’étude randomisée WHI avait comparé la santé de 10 739 femmes américaines hystérectomisées, âgées de 50 à 79 ans, sous 0,625 mg d’estrogènes conjugués équins à un placebo. Après la fin prématurée de l’essai, 7645 femmes, soit 78%, avaient accepté d’être régulièrement suivies ; le traitement par estrogènes ayant alors été suivi durant une moyenne de 5,9 années.

Les 3 objectifs principaux de l’analyse portaient : - sur l’étude de nombreux paramètres de l’état de santé des femmes, - sur l’évolution des risques entre la période de traitement et la période post-thérapeutique,- sur le devenir des différences observées antérieurement liées à l’âge.

Après l’arrêt du traitement par estrogènes conjugués équins :

  • Le risque de maladies cardiaques apparaissait identique chez les femmes antérieurement traitées et les femmes ayant été dans la branche placebo de l’étude .
  • L’augmentation du risque thrombo-embolique et d’accidents vasculaires cérébraux observée lors du traitement disparaissait rapidement après son interruption pour regagner les chiffres retrouvés dans la population non traitée.
  • La protection osseuse, notamment le risque de fracture du col fémoral, attribuée aux estrogènes s’annulait après l’arrêt thérapeutique.
  • La réduction de l’incidence du cancer du sein constatée, bien qu’à peine perceptible, durant la phase thérapeutique devenait statistiquement significative lors du suivi après traitement (HR :0.77 (0.62-0.95)).
  • Plus globalement, la mortalité toutes causes confondues et la survenue de maladies chroniques étaient identiques dans les 2 groupes.
  • Un effet âge était observé: les femmes traitées autour de la cinquantaine bénéficiaient le plus du traitement avec une réduction plus marquée des risques cardiaque, de cancer colo-rectal, de maladies chroniques ainsi qu’une diminution de la mortalité globale.

L’analyse de la branche « estrogènes seuls » de la WHI, apporte des éléments en faveur de la mise en route de la substitution estrogènique, en particulier chez les femmes les plus jeunes qui sont celles qui en tirent le plus de bénéfices. L’accroissement du risque thrombo-embolique observé dans cette étude lors de la phase thérapeutique pourrait être, au moins partiellement, résolu par l’utilisation de la molécule naturelle administrée par voie extra-digestive, telle qu’elle est préconisée en France. Il semblerait que l’absence de rôle délétère des estrogènes seuls sur le risque de cancers du sein se confirme. Après l’arrêt des estrogènes, la quasi totalité des bénéfices et des risques observés sous traitement s’annulent. La seule différence perceptible concerne la légère diminution du risque mammaire mais de très nombreux facteurs sont susceptibles d’interférer sur ces résultats imposant le maintien d’une vigilance toute particulière.

A LaCroix, B Chlebowski, J Manson, and all for the WHI investigators. Health outcomes after stopping conjugated equine estrgens among postmenopausal women with prior hysterectomy. Ama 2011;305(13):1305-1314.

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.