La pilule aggrave-t-elle les anomalies métaboliques du SOPK ?

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) représente une des causes principales d’infertilité dans les pays développés. Il associe à des degrés variables anovulation, acné, hirsutisme, surpoids et insulinrésistance. Cette dernière existe dans la plupart des cas, y compris chez les non obèses. Le risque d’intolérance au glucose ou de diabète de type 2 est évalué à plus de 40% chez des femmes de plus de 30 ans obèses atteintes de SOPK. Les autres désordres métaboliques associent des taux élevés de triglycérides et de cholestérol total avec HDL-cholestérol bas et LDL-cholestérol augmenté. La contraception estro-progestative représente un des principaux traitements utilisés, en l’absence de désir de grossesse. Son efficacité est tout à fait remarquable pour ce qui est de l’acné et des troubles des règles, en revanche son impact sur le profil métabolique de ces patientes est moins bien évalué. Or dans la population générale, la contraception estro-progestative peut induire un certain degré d’insulino-résistance avec modification de la tolérance au glucose et anomalies lipidiques. Les études menées sur le sujet chez des femmes atteintes de SOPK restent limitées, de petite envergure, et donnent des conclusions bien souvent contradictoires.

Une équipe canadienne vient de tirer des conclusions à l’aide d’une méta-analyse comprenant 35 études prospectives de cohortes ou rétrospectives contrôlées publiées entre 1995 et 2010. La durée moyenne de suivi était de 6 mois, l’âge médian des femmes de 24,7 ans et l’IMC moyen de 24,7.

La glycémie à jeun n’était globalement pas modifiée après mise en route de la pilule estro-progestative mais une importante hétérogénéité apparaissait entre les études probablement du fait d’une différence d’IMC. Aucune variation de l’insulinémie à jeun n’était constatée sans différence entre les études. Les études fines d’évaluation de l’insulino-résistance ne révélaient pas non plus de modification liée à la prise d’une pilule estro-progestative. Le taux de cholestérol total restait stable alors que le HDL-cholestérol augmentait avec la dose d’estrogènes et l’IMC et inversement avec l’âge des femmes. Aucune différence significative n’apparaissait concernant le LDL-cholestérol. Le taux des triglycérides augmentait de manière significative avec une relation linéaire avec la durée de la prise.

Les études s’intéressant à la dose d’estrogènes ou au type de progestatif contenus dans l’association estro-progestative ne montraient aucune différence liée à ces 2 paramètres.

Il n’a pas été retrouvé, dans cette méta-analyse, de lien significatif entre l’IMC et les modifications métaboliques comme cela pouvait être attendu.

Les résultats montrent que la prescription d’une pilule estro-progestative altère peu les paramètres du métabolisme glucido-lipidique des patientes à risque métabolique du fait de leur SOPK. Cependant, les études incluses dans cette méta-analyse étaient menées sur de courtes durées et une extrapolation sur le long terme n’est pas permise. Il sera également indispensable de faire des groupes homogènes tant sur le plan de l’âge que sur celui de l’IMC car des différences non négligeables semblent y apparaître . Par ailleurs, les risques veineux et artériels non évalués ici représentent un point sensible dans cette population à risque.

Dans l’état actuel de nos connaissances, l’utilisation d’une pilule estro-progestative en cas de SOPK ne semble pas en aggraver de façon majeure les désordres métaboliques et peut donc être utilisée, si besoin, dans le respect des règles et contre-indications habituelles. Une surveillance clinique et biologique attentive reste, bien sûr, impérativement requise chez ces patientes.

I Halperin, S Kumar, D Stroup, S Laredo. The association between the combined oral contraceptive pill and insulin resistance, dysglycemia and dyslipidemia in women with polycystic ovary syndrome: a systematic review and meta-analysis of observational studies. Human Reprod 2011; 26, 1:191-201

 
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