Evaluation de la réserve ovarienne chez les diabétiques de type 2

La fertilité féminine décroit avec les années du fait de la diminution du nombre des follicules primordiaux. Ce nombre, supérieur à 250 000 lors de la ménarche, baisse progressivement pour n’être que de quelques centaines à la fin de la vie reproductive. La maturation folliculaire cyclique est régulée très méticuleusement par le fonctionnement complexe de l’axe gonadotrope. Avec l’âge, la FSH augmente tôt dès le début de la phase folliculaire avec un impact négatif sur la maturation folliculaire. Mais la diminution du stock folliculaire résulte en fait principalement de l’atrésie. La tendance générale, dans les pays industrialisés, est de différer les grossesses afin de poursuivre ses aspirations personnelles. Une évaluation précoce de la fertilité pourrait aider les femmes à prendre conscience de leur potentiel en termes de fertilité. Plusieurs indicateurs de la réserve ovarienne ont été utilisés pour aider à prédire la réponse ovarienne à la stimulation chez des femmes bénéficiant d’AMP ; il s’agit principalement de la détermination des taux de FSH et d’inhibine B, AMH. D’autres paramètres y sont associés comme le volume ovarien, le compte des follicules antraux (CFA) et le flux ovarien stromal.

Divers facteurs sont connus ou évoqués pour affecter la fonction ovarienne et l’âge de la ménopause : l’âge civil, le tabac, l’activité physique, l’alimentation végétarienne, le nombre de grossesses antérieures…mais le facteur principal reste la prédisposition génétique.

L’influence de maladies chroniques ou dégénératives sur la fonction ovarienne reste peu évaluée. Le diabète est une maladie fréquente affectant des millions de femmes dans le monde avec une incidence sans cesse croissante. Ces dernières années, l’incidence du diabète de type 2 chez les jeunes adultes augmente de façon notable du fait des changements de mode de vie dans les sociétés modernes. Or, il semblerait qu’un mauvais équilibre glycémique puisse affecter le bon fonctionnement de l’axe gonadotrope occasionnant des troubles du cycle avec altération de la fonction reproductrice.

Le but de cette étude est de comparer la réserve ovarienne de femmes diabétiques de type 2 à celle de femmes saines de même âge et même IMC.

Ainsi 89 diabétiques et 73 contrôles ont été étudiées après avoir établi 3 groupes en fonction de l’âge : groupe 1 de 20 à 29 ans, groupe 2 de 30 à 39 ans et groupe 3 de 40 à 49 ans.

L’âge moyen des diabétiques était de 37,4 ans, leur BMI moyen de 36 et la durée d’évolution de leur diabète de 6 années en moyenne. Toutes les femmes du groupe 1 était sous metformine alors que celles des groupes 2 et 3 étaient sous diverses associations de metformine, sulfamides hypoglycémiants voire insuline.

Les diabétiques et les contrôles avaient un IMC identique et ce dans chaque groupe d’âge alors que les chiffres glycémiques restaient plus élevés chez les diabétiques malgré leurs traitements. Quelque soit l’âge, les chiffres de FSH étaient plus élevés chez les diabétiques (groupe 1 : 7,8  versus 5,0, pour le groupe 2 :  8,2 versus 7,2 et pour le groupe 3 : 9,5 versus 6,4.) Le CFA à J2 était abaissé chez les diabétiques dans tous les groupes : groupe 1 : 21,1 versus 25,0, groupe 2 : 10,4 versus 23,0 et pour le groupe 3 : 6,0 versus 21,7. On retrouvait une diminution annuelle du CFA de 0,79 follicules chez les diabétiques et de 0,39 chez les contrôles. Le CFA apparaissait inversement corrélé aux taux de FSH, à l’âge, à l’hémoglobine glyquée et à la glycémie à jeun. On notait également une différence significative du volume ovarien dans le groupe 1.

Bien que de petite envergure, il s’agit de la première évaluation de la réserve ovarienne chez des diabétiques de type 2 : elle montre une diminution de celle-ci en cas de diabète comparativement à des femmes saines d’âge et IMC identiques. Les irrégularités du cycle et la ménopause avancée semblaient déjà connues en cas de diabète de type 1 ; on retrouve ici une élévation e la FSH et une diminution du CFA inversement corrélés en faveur d’une diminution de la réserve ovarienne également en cas de diabète de type 2.

Les mécanismes physiopathologiques évoqués pouvant expliquer le déclin plus précoce de la fonction ovarienne chez les diabétiques :

  • toxicité propre de l’hyperglycémie prolongée?
     
  • lien avec les complications chroniques du diabète comme la micro-angiopathie altérant  la vascularisation ovarienne ?

Chez les femmes diabétiques, on connaissait déjà l’importance de favoriser les grossesses tôt en raison de leur pathologie et des risques de complications afférentes, la diminution précoce de la réserve ovarienne est un élément supplémentaire dans ce sens.

 

S Isik, N Ozcan, U Ozuguz, et al. Evaluation of ovarian reserve based on hormonal parameters, ovarian volume, and antral follicle count in women with type 2 diabetes mellitus. J Clin Endocrinol Metab 97:261-269, 2012.

 
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