Denosumab : une efficacité anti-fracturaire même chez les femmes à haut risque !

L’ostéoporose est caractérisée par une détérioration de la microarchitecture du squelette conduisant à une diminution de la densité et solidité osseuses prédisposant aux fractures. Molécule tout à fait originale, le denosumab est un anticorps entièrement humain anti rank- ligand. Il va ainsi s’opposer à la fixation du rank-ligand sur son récepteur ostéoclatique rank et empêcher ainsi l’activation de la formation, de la fonction et de la survie des ostéoclastes (1). Il s’agit donc d’un agent anti-résorbeur qui diminue très vite les marqueurs de résorption et augmente rapidement la densité osseuse sur tous les sites.

Une étude dénommée FREEDOM ( Fracture REduction Evaluation of Denosumab in Osteoporosis every 6 Months) conduite sur 3 ans avait montré la réduction significative du risque de fracture vertébrale, non vertébrale et fémorale chez des femmes ménopausées ostéoporotiques. Cette efficacité apparaissait comme supérieure à celle retrouvée pour d’autres agents anti-ostéoporotiques mais la population étudiée semblait également à moindre risque fracturaire.

Une nouvelle analyse s’est attachée à vérifier l’efficacité de ce produit dans un sous-groupe de femmes à haut risque fracturaire : antécédent de fracture vertébrale, T-score fémoral < -2,5 DS et âge supérieur à 75 ans (2).

Ainsi, 7808 femmes ont été randomisées pour recevoir tous les 6 mois durant 3 ans une injection sous-cutanée de 60 mg de denosumab ou d’un placebo. Toutes les femmes étaient, par ailleurs, supplémentées en calcium et vitamine D.

Le denosumab réduisait significativement l’incidence de nouvelles fractures vertébrales comparativement au placebo :

  • de 16% à 7,5% chez les femmes ayant déjà eu une fracture vertébrale
  • de 9,9% à 3 ,1% chez celles dont la BMD fémorale était <-2,5 DS
  • de 20,1% à 8,1% chez celles cumulant ces deux premiers facteurs.

Ces chiffres étaient globalement superposables observés dans une population à moindre risque fracturaire. La réduction de risque apparaissait dès 12 mois de traitement dans tous les sous-groupes sauf en cas d’antécédent de fracture vertébrale où le bénéfice n’était visible qu’après 24 mois de traitement.

L’efficacité anti-fracturaire du denosumab au niveau fémoral était significative également, bien que de moindre amplitude passant :

  • de 2,3% à 0,9% chez les femmes âgées de plus de 75 ans
  • de 2,8% à 1,4% chez celles dont le BMD fémoral était < -2,5
  • de 4,1% à 1,7% chez celles cumulant ces 2 facteurs de risque

Cette réduction du risque apparaissait dès la première année de traitement.

Peu d’effets secondaires étaient observés sous traitement actif, corroborant les données de la littérature.

Les résultats de cette étude confirment donc l’efficacité anti-fracturaire de cette molécule. Les femmes les plus à risque du fait de leurs antécédents, de leur BMD ou de leur âge en bénéficient autant que celles au moindre risque fracturaire. Le denosumab n’est pas encore commercialisé en France mais il fait déjà parti de l’arsenal thérapeutique pour lutter contre l’ostéoporose et ses conséquences fracturaires dans de nombreux pays.

(1). Cummings and all for the Freedom Trial. Denosumab for prevention of fracture in postmenopausal women with osteoporosis. N Eng J Med. 2009;361:756-765.
(2).Boonen S, Adachi J et all. Treatment with denosumab reduces the incidence of new vertebral and hip fractures in postmenopausal women at high risk. J Clin Endocrinol Metab 2011; 96.

 
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