Bénéfice de l’association metformine et spironolactone dans la prise en charge des OPK

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), initialement décrit comme un désordre gynécologique en 1935 par Stein et Leventhal, est en pleine mutation. En effet, ces dernières années son association à d’importants déséquilibres métaboliques, conduisant à un risque cardio-vasculaire, accru a été largement évoquée. L’importance du phénomène est telle que récemment des auteurs particulièrement impliqués dans la prise en charge du SOPK proposent de séparer cette entité en 2 selon le phénotype : les anomalies les plus « simples » pouvant garder le nom de SOPK pour renommer les formes associant des anomalies métaboliques aux conséquences potentiellement majeures (1).

L’étiologie de SOPK reste incomplètement élucidée et la plupart des approches thérapeutiques visent à diminuer ou inhiber la production ovarienne d’androgènes (résection ovarienne, drill biopsie, analogues du GnRh, inhibiteurs de l’aromatase, anti-androgènes, contraception estro-progestative).

La spironolactone, outre son action diurétique, possède une activité anti-androgènique utilisée par certains dans le traitement de l’hirsutisme. La metformine, biguanide dont l’efficacité est indiscutable dans le diabète de type 2 de par son mécanisme d’action sur l’insulino-résistance. Cette molécule a été largement employée ces dernières années dans le cadre du SOPK afin d’agir sur son versant métabolique. De nombreuses publications ont montré son efficacité en termes de régularisation des cycles, restauration des ovulations, survenue de grossesses et amélioration des paramètres biologiques métaboliques.

Une équipe indienne a voulu tester l’efficacité de l’association de spironolactone à faibles doses à la metformine (2). Ainsi, 204 femmes atteintes de SOPK on été randomisée pour recevoir soit 1000 mg/j de metformine, soit 50 mg/j de spironolactone soit une combinaison des 2 sur une période de 6 mois.

169 des 204 femmes ont été au bout de l’étude : 56 dans le groupe metformine, 51 dans l groupe spironolactone et 62 dans le dernier groupe associant ces 2 molécules.

Les 3 groupes étaient comparables à l’entrée dans l’étude en ce qui concerne l’âge et l’IMC des patientes. A 6 mois, aucune modification significative n’était observée dans les différents groupes en ce qui concerne le poids, l’IMC, le rapport taille/hanche et la pression artérielle. En revanche, le groupe bénéficiant de association thérapeutique voyait certains paramètres s’améliorer significativement comparativement aux 2 autres groupes avec en particulier: une augmentation du nombre de cycles, une diminution du score de Ferriman appréciant le degré d’hirsutisme, une baisse de la testostérone totale et une amélioration des paramètres évaluant l’insulino-sensibilité.

Les effets secondaires étaient globalement peu fréquents conduisant à une sortie d’étude chez 3 sujets sous metformine (troubles digestifs) et 4 sujets sous spironolactone (polyurie, douleurs abdominales).  On notait seulement 2 sorties d’étude dans le groupe associant les 2 molécules. Aucun cas d’hyperkaliémie n’a été mis en évidence dans le groupe utilisant le diurétique.

 

Il s’agit de la première étude évaluant l’action combinée de l’association metformine-spironolactone : les résultats montent une supériorité de la combinaison par rapport à chacune des molécules utilisée isolément sur la régularité du cycle, le score d’hirsutisme, la testostérone totale et l’insulino-sensibilité.

Les mécanismes d’action différents des 2 molécules pourraient expliquer la supériorité de l’association thérapeutique : la metformine exerçant un effet sur l’insulino-résistance et la spironolactone sur l’hyperandrogénie.

Le SOPK n’a pas encore dévoilé tous ses secrets et l’avenir nous permettra surement d’élucider sa physiopathologie avec les conséquences thérapeutiques adéquates.

 

  1. Renaming PCOS- A two state solution. Dunaif A, Fauser BCJM. J Clin Endocrinol Metab.2013 as doi:10.1210/jc.2013-2040  
  2. Improved efficacity of low-dose spironolactone and metformine combination than either drug alone in the management of women with polycystic ovary syndrome (PCOS): a six month, open-label randomised study. Mohd Ashraf Ganie, Madan Lal Khurana and al. J Clin Enodicrinol Metb 2013, 98(9):3599-3607.

 
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