Augmentation des malformations congénitales sous anti-thyroïdiens : privilégier le PTU en début de grossesse !

L’hyperthyroïdie concerne 0,2% des grossesses, la principale étiologie en est la maladie de Basedow. Cette pathologie, fréquente chez les femmes jeunes en âge de procréer,  peut occasionner des complications sévères chez la mère et son fœtus si elle n’est pas traitée. De nombreuses études d’observation ont, en effet, relié l’hyperthyroïdie à une plus grande fréquence de petits poids de naissance, accouchements prématurés et malformations congénitales. Le propylthiouracile ( PTU, Proracyl*) et le carbimazole (CMZ, Néomercazole*) et son métabolite le méthymazole (MMI) en représentent les traitements de choix. Tous ces anti-thyroïdiens de synthèse (ATS) ont la même cinétique de passage transplacentaire.

L’impact de ces traitements sur le fœtus reste d’évaluation difficile. Quelques rapports suggèrent que le PTU pourrait être plus adapté du fait de la survenue plus fréquente de malformations congénitales avec le MMI, notamment aplasie du cuir chevelu, atrésie des choanes et autres anomalies des voies digestives.

Des auteurs japonais ont analysé 6744 cas de femmes atteintes de maladie de Basedow durant leur grossesse et les ont réparties en 3 groupes selon leur traitement au premier trimestre: MMI, PTU ou pas de traitement.

1426 avaient reçu du MMI, 1578 du PTU, 2065 n’avaient pas été traitées constituant le groupe de référence et 1675 avaient bénéficié d’un autre traitement (iodure de potassium, autres …)

La moyenne d’âge était de 31,8 dans le groupe MMI et 32,6 dans le groupe contrôle.

Le taux de malformations global était de 2,5% : - 4,1% dans le groupe MMI, - 1,9% dans le groupe PTU, - 2,1% dans le groupe contrôle. Le risque de malformations majeures était donc significativement plus élevé sous MMI par rapport au groupe contrôle alors qu’il ne semblait pas exister de différence sous PTU. La dose d’ATS ne semblait pas interférer avec ce risque. Globalement le risque de malformations congénitales était de 2.28 sous MMI et de 0.66 (non significatif) sous PTU.

Les malformations congénitales étaient principalement des aplasies du cuir chevelu, omphalocèles et anomalies des canaux digestifs.

Le risque de malformations congénitales est donc le plus élevé sous MMI si la mère a été exposée au premier trimestre de sa grossesse : la période à risque se situe entre 10 et 15 semaines de grossesse pour l’aplasie du cuir chevelu, entre 3 et 8 semaines pour l’omphalocèle et jusqu’à 7 semaines pour les anomalies des canaux digestifs. Aucune anomalie n’a été retrouvée, dans cette étude, pour les femmes n’ayant reçu que du PTU.

L hyperthyroïdie lors du début de la grossesse majore le risque de fausses couches, césariennes, hématomes rétro-placentaires, prématurité, petits poids de naissance et anomalies congénitales mineures. L’hypothyroïdie, quant à elle, est responsable de plus d’anomalies congénitales et perturbations du développement neuro-sensoriel. Le but du traitement en cas de maladie de Basedow est d’équilibrer au mieux la fonction thyroïdienne de la mère en évitant tout surdosage néfaste pour l’enfant. Le meilleur traitement de l’hyperthyroïdie reste le PTU lorsqu’il y a projet de grossesse et au premier trimestre malgré l’hépatotoxicité rapportée possible chez la mère et son enfant.

 A Yoshihara, J Yoshimura Noh, T Yamaguchi and al. Traitement of Graves’ disease with antithyroid drugs in the first trimester of pregnancy and the prevalence of congenital malformation. J Clin Endocrinol Metab 97: 2396-2403, 2012.

 
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