Risque de tumeur borderline et de tumeur invasive de l’ovaire après induction d’ovulation pour Fécondation In Vitro (FIV)

F.E. Van LEEUWEN et coll. (Université d’AMSTERDAM, EINDHOVEN et SOUTHAMPTON) ont étudié les effets à long terme des inductions d’ovulation menées dans le cadre de traitements de fécondation in vitro (FIV), sur le risque de survenue de tumeurs ovariennes chez une population de 19146 patientes traitées entre 1983 et 1995.

Les risques étaient comparés avec ceux d’un groupe contrôle de 6006 patientes traitées pour infertilité et ceux d’une population générale.

Dans la littérature, depuis plusieurs années, de nombreuses études ont évoqué un risque accru de tumeurs cancéreuses de l’ovaire, après utilisation d’hormones FSH (WHITTEMORE 1992, ROSSING 1994, KALLEN 2011).

D’autres études n’ont pas confirmé ces données : étude de FRANCESCHI 1994, DOR 2002, JENSEN 2009.

Les tumeurs borderline de l’ovaire sont des tumeurs « pré-cancéreuses », agressives, avec un risque de récidive notable : le risque de survenue après FIV a été évoqué dans plusieurs études (ROSSING 1994, NESS 2002, SANNER 2009).

La plupart de ces études étaient néanmoins critiquables (faible durée de suivi à long terme, absence de prise en compte des durées de traitement, parité, autres paramètres d’infertilité…).

L’étude OMEGA analysait les caractéristiques des deux groupes de population étudiés : âge des patientes, âge du premier traitement de fécondation in vitro ou de consultation ; pour le groupe d’infertilité non traité par FIV, diagnostic étiologique de l’infertilité, nombre de cycles de traitement, nombre moyen d’années de suivi après traitement : 14,3 ans pour le groupe FIV, 16,4 ans pour le groupe non traité.

42 % des patientes étaient nullipares au moment du recueil des données.

Dans le groupe FIV, 40 % des patientes ont eu un ou deux traitements de FIV, 39 % 3 à 4 cycles de traitement, 21 % ont subi 5 ou + cycles de traitement de FIV.
 

Les protocoles utilisés :

Les traitements par Clomid et HMG ou FSH-HMG étaient utilisés jusqu’en 1989, puis l’administration d’agonistes de la Lh-Rh était notée dans plus de 90 % des traitements après 1990.

Le nombre d’ampoules et d’unités de FSH n’a cessé d’augmenter au cours des années, avec en corollaire une augmentation du nombre d’ovocytes recueillis 
(n = 5,4 ovocytes en 1986, 10,7 ovocytes en 1997).

 

Résultats :

61 tumeurs malignes de l’ovaire ont été observées dans le groupe FIV et 16 dans le groupe non-FIV.

Par rapport à la population générale, les auteurs retrouvent une augmentation significative de risque de tumeur borderline dans le groupe FIV, résultats non retrouvés dans le groupe de patientes présentant une infertilité non traitée par FIV.

La survenue de tumeurs borderline séreuses de l’ovaire et de tumeurs invasives de l’ovaire est plus fréquemment retrouvée dans le groupe FIV que dans le groupe infertilité non traitée par FIV (p = 0,04).

  • Dans le groupe FIV, les auteurs ne retrouvent pas de corrélation avec le nombre de cycles de traitement ou le nombre d’unités de FSH utilisées. 
    Le risque de survenue de tumeurs borderline de l’ovaire était particulièrement élevé dans la première année suivant le traitement de FIV.
     
  • Aux Pays Bas, le risque cumulé de survenue de tumeurs ovariennes incluant les tumeurs borderline est faible (0,45 % à l’âge de 55 ans), les auteurs estiment à

0,71 % le risque de survenue de lésions ovariennes chez les patientes après traitement de FIV.

 

Les auteurs :

  • notent l’absence notable de relation doses de FSH-risques ;

     

  • estiment que la survenue dans l’année post-fécondation in vitro suggère que la stimulation d’ovulation accélère un processus de croissance de cellules préexistantes déjà différenciées.

 

Risk of borderline and invasive ovarian tumours after ovarian stimulation for in vitro fertilization in a large Dutch cohort – F.E. van Leuewen, H. Klip, T.M. Mooij, A.M.G. van de Swaluw, C.B. Lambalk, M. Kortman, J.S.E. Laven, C.A.M. Jansen, F.M. Helmerhost, B.J. Cohlen, W.N.P. Willemsen, J.M.J. Smeenk, A.H.M. Simons, F. van der Veen, J.L.H. Evers, P.A. van Dop, N.S. Macklon, and C.W. Burger – Human Reproduction, Vol.26, n°12, pp. 3456-3465, 2011.

 
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