La consommation régulière et importante de fruits pendant l’adolescence diminuerait le risque de cancer du sein

Le British Medical Journal (BMJ), vient de publier une étude concluant que la consommation de fruits pendant l’adolescence et de fruits et légumes riches en alpha-carotène au début de la vie adulte permettrait de diminuer le risque de cancer du sein. Avant d’aller plus loin dans l’analyse de cette étude, il est bien évidemment indispensable de comprendre comment ce résultat a été obtenu et comment cette étude a été menée. Il s’agit en fait d’une vaste enquête démarrée à la fin des années 80, ayant inclus 116430 femmes, toutes infirmières, et âgées de 25 à 42 ans. Parmi ces femmes, 97813 avaient répondu en 1991 à l’enquête sur les habitudes alimentaires, dont 44223 ont été retenues car ayant précisé leur consommation de fruits et de légumes durant l’adolescence. Ces femmes ont ensuite été suivies tous les deux ans avec l’identification des cas de cancer du sein diagnostiqués au cours du suivi, confirmés par l’analyse des résultats histologiques. Alors bien évidemment à la lecture de cette méthodologie on ne peut que souligner les limites de ce type d’étude. Elle ne concerne que des infirmières, qui étaient pour la plupart des femmes blanches, ce qui ne constitue donc pas un échantillon parfaitement représentatif de la population féminine. Certes la taille de l’échantillon de femmes étudié est très importante mais, il s’agit d’une enquête déclarative rétrospective sujette aux biais de mémorisation.

Les résultats de cette étude montrent donc que la consommation globale de fruits pendant l’adolescence serait associée avec une diminution du risque de cancer du sein (HR : 0,75 ; IC à 95% : 0,62-0,90 ; p=0,001). Ce résultat est loin d’être négligeable puisqu’il illustre en fait une réduction de 25 % du risque de cancer pour les femmes ayant eu pendant leur adolescence une consommation de fruit médiane de 2,9 fois par jour par rapport à celle ayant eu une consommation limité à 0,5 fois par jour. Mais attention, cette étude ne retrouve pas d’association significative du risque de cancer du sein et la consommation globale de fruits au début de la vie adulte. Par contre, une consommation importante de fruits et de légumes riches en alpha-carotène était associée avec une diminution du risque de cancer du sein en pré-ménopause (HR : 0,82 ; IC à 95 % : 0,70-0,96). De façon plus précise, les fruits dont la consommation était significativement associée à une diminution du risque de cancer étaient les pommes, les bananes et le raisin pendant l’adolescence ; et les oranges et les choux pendant le début de la vie adulte. On notera que la consommation de jus de fruits n’avait aucun impact.

Ce genre d’étude est actuellement terriblement à la mode et jamais nous ne nous sommes autant souciés du lien entre environnement et cancer et tout particulièrement de l’impact de notre alimentation sur le risque de développer un cancer. Certes, cette étude est loin d’être parfaite, mais il faut bien comprendre qu’il est très difficile d’évaluer l’impact de l’alimentation sur le risque de cancer sans être soumis à ce type de biais et limitations et que, pour l’instant, il n’existe pas encore de grandes études de suivi prospectif de cohortes permettant d’objectiver au mieux l’impact de l’alimentation sur le risque de cancer. Bien qu’imparfaite, cette étude apporte des réponses importantes aux questions que nous nous posons sur ce sujet. Elle illustre aussi parfaitement le fait que l’impact de l’alimentation serait différé dans le temps et reposerait non pas sur des consommations ponctuelles, mais sur des habitudes alimentaires bien établies. 

Cette étude illustre également l’importance des habitudes alimentaires dès le plus jeune âge et, en particulier, suggère un impact vrai de l’alimentation sur une glande mammaire jeune et en formation. Enfin et surtout, si les résultats de cette étude restent intéressants malgré les biais évoqués, ils illustrent en fait l’impact d’une vie saine et équilibrée sur le risque de cancer du sein. Car en réalité, et comme toujours dans ce type d’étude, les femmes ayant une consommation régulière et importante de fruits et légumes pendant l’adolescence avaient également une consommation tabagique inférieure aux autres, consommaient également moins d’alcool et de graisses animales et avaient également une alimentation plus riche en fibres.

On ne peut finalement que retenir l’importance de permettre aux adolescents et jeunes adultes de bénéficier d’une alimentation équilibrée et complète et d’un mode de vie saine.

Les points clés et enjeux de la santé publique de demain sont déjà clairement définis.

Pour en savoir plus

  1. Farvid et al. Fruit and vegetable consumption in adolescence and early adulthood and risk of breast cancer : population based cohort study. BMJ 2016 ;353 :i2343.

 
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